20 Minutes (Lyon)

Le procès en appel suspendu à une histoire d’apéritif

Un apéritif pourrait entraîner le renvoi du procès de l’affaire Fiona

- De notre envoyé spécial au Puy-en-Velay (Haute-Loire), VIncent Vantighem

Qui a pris l’apéritif mercredi à l’hôtel Regina du Puy-en-Velay? La question ne permettra pas de savoir comment Fiona est morte ni où elle est enterrée. Mais elle devrait animer, ce lundi, les débats de la cour d’assises de la Haute-Loire, où sont jugés en appel Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf. Vendredi, Etienne Fradin, le président de la cour, a reconnu avoir pris un verre, deux jours plus tôt, avec des avocats après l’audience.

« Chaque partie présente »

Le magistrat assure qu’il était accompagné « des conseils de toutes les parties ». Charles Fribourg, l’avocat du père de Fiona, le confirme à 20 Minutes. Mais ses confrères de la défense crient « au mensonge » et assurent qu’ils n’ont envoyé l’un des leurs à l’apéritif que dans le but de « constater le manque d’impartiali­té » du président. Soupçonné d’avoir déjà choisi son camp entre l’innocence ou la culpabilit­é bien avant la fin des débats, Etienne Fradin pourrait fait l’objet d’une requête en récusation, rendant possible un nouveau renvoi du procès.

« On y réfléchit sérieuseme­nt », confiait samedi Gilles-Jean Portejoie, l’un des avocats de Cécile Bourgeon, accusée d’avoir porté des coups mortels à sa fille, en mai 2013. Pour les parties civiles, cette polémique n’est qu’une « manoeuvre » destinée à obtenir le renvoi du procès alors que « les accusation­s à l’encontre de [Cécile Bourgeon] se font plus pesantes ».

Le pacte de non-agression passé entre les deux accusés a, en effet, commencé à se déchirer la semaine passée. Avant de refuser d’être extraite de sa cellule vendredi, Cécile Bourgeon a eu quatre jours pour livrer à la cour le souvenir d’un « coup de genou » porté par son ex-compagnon au thorax de Fiona, deux ou trois semaines avant sa mort. Jusqu’ici indulgent avec la mère de la fillette, Berkane Makhlouf a, de son côté, dénoncé son comporteme­nt de « comédienne de première classe », indiquant qu’il l’avait vu mettre « deux sacrés coups de pompe et deux sacrées claques » à Fiona.

Si le procès se poursuit, ce lundi, la cour devrait entendre deux officiers de police judiciaire qui pourraient évoquer à la barre une thèse jusqu’ici inédite pour expliquer la mort de la petite fille. Reste à savoir si l’accusée comparaîtr­a. « Je pense qu’elle ne voudra plus revenir », confiait, samedi, son avocat.

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Etienne Fradin, président de la cour.

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