La compagnie de Béjart perpétue l’art du maître
La compagnie du célèbre chorégraphe en Suisse prépare « La Flûte enchantée »
La porte d’entrée se referme. « Bienvenue à la compagnie du Béjart Ballet Lausanne ! » L’accueil est chaleureux. Au loin, une douce musique se fait entendre. Ici, il fait bien chaud, par rapport à la température hivernale extérieure… A Lausanne, la neige est au rendez-vous, et la danse aussi.
Une forte odeur prend au nez. Ca sent les pieds, non ? La sueur ? « On utilise du vinaigre pour nettoyer le sol. Cela évite que les danseurs glissent pendant les répétitions », nous expliquet-on. Ah, c’est donc ça !
Un maître à célébrer
Les répétitions du ballet La Flûte enchantée vont commencer d’une seconde à l’autre. Il faut être prêt pour les prochaines représentations à Paris qui auront lieu du 7 au 11 février au Palais des Congrès. Dix ans après la mort de Maurice Béjart, son ombre plane sur les danseurs, qu’ils soient en studio ou en tournée.
Le studio transpire l’intensité et l’émotion, les gouttes de sueur perlent rapidement sur les corps souples et libres. Soudain, le personnage de Papageno apparaît. Très vite, il se fait, non pas bâillonner comme dans la version originale de Mozart, mais nouer les chevilles. Au lieu de ne plus pouvoir parler, il ne peut plus danser. « Ici, la danse devient la voix », indique Julien Favreau, interprète de Sarastro. « Le travail de Maurice Béjart était très imagé, avec une certaine vérité du geste », ajoute le danseur.
Le BBL, qui a le statut de fondation, semble être bien plus qu’une simple compagnie, c’est comme une famille. Chaque jour, les danseurs peaufinent les chorégraphies, mais célébrent aussi celui sans qui rien de ce qu’ils font n’existerait : Maurice Béjart. « Ma façon de lui rendre hommage, c’est de rester dans la fondation et de transmettre mon savoir », partage Julien Favreau, qui danse pour la compagnie depuis vingt-trois ans. Les grands yeux clairs de Béjart veillent sur lui et les autres, à travers plusieurs portraits et affiches accrochés aux murs.
Son successeur Gil Roman est très heureux de retourner à Paris avec sa troupe qui fête ses 30 ans pour revoir le public français. « J’ai nettoyé l’oeuvre de Béjart pour que les danseurs soient bien, se l’approprient. L’intérêt, c’est de redécouvrir La Flûte enchantée, toujours avec Maurice. Les êtres sont vivants lorsque l’on pense à eux. »