20 Minutes (Lyon)

Elle habille les patineurs pour les JO d’hiver

Sophie Thomas habille quasiment toute l’équipe de France

- Caroline Girardon

Des heures de travail qu’elle ne compte plus. Et des nuits qui s’apparenten­t davantage à de courtes siestes. En ce moment, Sophie Thomas dort « en moyenne 5 à 6 heures » ... par semaine. Une dernière commande vient de s’ajouter. La patineuse Ivett Toth, qui défendra les couleurs de la Hongrie lors des Jeux olympiques de Pyeongchan­g, lui a demandé en urgence de lui confection­ner deux costumes.

« Suggérer le corps »

Sophie Thomas, fondatrice de la société Astraée, est la styliste qui monte dans le cercle du patinage artistique. C’est elle qui habille presque toute l’équipe de France. A commencer par Guillaume Cizeron et Gabriella Papadakis, les doubles champions du monde de danse sur glace et quadruples champions d’Europe. Ils ont même été les premiers à lui faire confiance en 2010, bien avant qu’ils ne trustent les podiums. Discrète, cette jeune femme de 29 ans a réussi à s’imposer dans un milieu fermé, où le kitch est souvent roi. Les tenues qu’elle réalise dans son atelier de Villeurban­ne font des merveilles sur la glace. Son credo : « la qualité ». « Du premier coup de crayon à la dernière pause de strass, tout est fait à la main », explique-t-elle. Pas question de soustraite­r la fabricatio­n des costumes, vendus entre 500 € et 3 000 € selon les modèles. « On a acquis des techniques de travail qui nous sont propres. Je ne confierais pas cette tâche à une personne qui n’a pas l’habitude de faire du sur-mesure », poursuit Sophie Thomas, qui travaille uniquement avec Fanni, modéliste de 26 ans. Sa source d’inspiratio­n ? La musique. « Je demande aux patineurs de m’envoyer les musiques sur lesquelles ils vont danser, de m’expliquer le thème, le déroulé du programme. » Penchée sur sa machine à coudre ou sa feuille de dessin, la jeune femme laisse ensuite libre cours à son imaginatio­n. Avec le même rituel : les écouteurs vissés dans les oreilles et la bande-son qui tourne en boucle. Elle traduit parfois les paroles. Elle regarde aussi les défilés de mode pour dénicher des idées. Mais pas question de lorgner sur le travail de ses concurrent­s. Sophie Thomas entend garder son originalit­é. Pour faire la différence, la créatrice mise sur des tenues élégantes qui « laissent suggérer le corps au lieu de le montrer ». Elle préfère mille fois une robe moulante et fermée qu’un ensemble ouvert. « Une tenue sexy ne se résume pas à la nudité », sourit-elle. Elle aime aussi « le sobre », « l’épuré » qui « mettent en valeur la fluidité et les mouvements du corps ». Un petit regret toutefois : son emploi du temps ne lui permettra pas d’aller en Corée pour suivre les exploits de ses modèles.

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La styliste a réussi à s’imposer dans un milieu fermé et souvent kitch.

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