Les écrans nuisent à la santé des jeunes enfants, mais ne rendent pas accros
Les écrans ont des effets négatifs sur la santé
«La technologie pirate l’esprit des gens », critique Tristan Harris, l’ancien « philosophe produit » de Google. « Mes enfants n’ont pas le droit d’utiliser cette merde [Facebook] », balance de son côté Chamath Palihapitiya, un ex-viceprésident de la firme de Mark Zuckerberg. Les interfaces numériques ne sont décidément pas en odeur de sainteté chez les « repentis » de la Silicon Valley. Elles ne semblent pas l’être non plus aux yeux des 18-30 ans. Selon une étude Opinion Way pour la communauté MoiJeune de 20 Minutes*, 54 % ont déjà pensé à fermer leur compte. Si la Journée sans Facebook, ce mercredi, donnera à certains l’opportunité de mettre leur menace à exécution, elle est aussi l’occasion de se pencher sur les risques réels que représente la tech sur la santé.
Risques pour les tout-petits
Grâce à l’étude de Linda Pagani, professeure à l’Ecole de psychoéducation de l’université de Montréal, on sait que la surconsommation de télévision chez les moins de 3 ans n’est pas recommandée, et que tous les écrans ont des effets négatifs sur leur développement neuronal et psychique. « Ils vont capter les images, comprendre les émotions, mais ils n’auront pas la compréhension de l’action qui s’y passe », explique Claude Allard, psychiatre et auteur de l’ouvrage Les Désarrois de l’enfant numérique (Hermann). Plus tard, certains rencontreront des difficultés de concentration, un retard psychomoteur, des troubles du sommeil… De même, le simple fait de voir un adulte regarder son téléphone peut perturber la santé de l’enfant, qui « se sent abandonné ». Or, l’attention est un élément fondateur des relations humaines et du développement affectif des tout-petits. Pour ce qui est des ados, en revanche, aucune étude jusqu’à présent n’a montré que les gros consommateurs de jeux vidéo ou d’Internet d’hier devenaient idiots à l’âge adulte. L’enquête Media In Life de Médiamétrie, focalisée sur les millénials, montre même que les digital natives ont une vie sociale plus riche. Enfin, avec les écrans, il n’y a pas de risque de rechute ni de période de sevrage. Sans 4G, vous serez irrité une dizaine de minutes, mais vous vous en remettrez rapidement. En utilisant les termes « junkies », « dealers », « shoot », les « repentis » de la tech font un raccourci que beaucoup de professionnels refusent de faire. Les réseaux sociaux donnent une « dose de dopamine », grâce à un système de récompenses (likes, commentaires). Or, « si l’on dénonce le principe de la dopamine, il faut dénoncer le système sur lequel l’économie repose », prévient le psychanalyste Serge Tisseron, qui est moins préoccupé par la relation des adolescents avec les écrans que par le pillage des données personnelles.
* Réalisée en ligne entre le 23 et le 27 février auprès d’un échantillon représentatif de 767 jeunes de 18 à 30 ans (méthode des quotas).