Tony-Garnier en difficulté
Le musée urbain pourrait fermer cette année, faute de fonds
Ils disent avoir le couteau sous la gorge. Réputé pour ses immenses fresques murales, le Musée urbain Tony-Garnier, implanté dans le quartier des Etats-Unis, risque de fermer à la fin de l’année. Un « paradoxe » alors que la ville s’apprête à célébrer les 150 ans de la naissance de son plus célèbre architecte. « Les subventions ne sont pas à la hauteur des objectifs qui nous ont été demandés et de ce que la situation exige », glisse-t-on.
30 000 € à trouver
L’établissement, qui n’est pas un équipement municipal, assure néanmoins des missions de service public et accueille 45000 visiteurs chaque année grâce à ses expositions temporaires et ses visites guidées. Les murs peints sont même le troisième site proposé par le site d’Only Lyon aux touristes étrangers venant passer quelques jours entre Rhône et Saône. « Pour la première fois, nous sommes dans une situation vraiment cruciale. Ce n’est pas faute d’avoir alerté qui de droit en temps voulu mais il n’y a pas moyen de se faire entendre. On a l’impression que personne ne nous croit et ne réalise qu’on va vraiment fermer », s’inquiète Jacques Bonniel, le président du musée. L’établissement touche actuellement 75 000 € de la ville, 30 000 € de la région et 9 000 € du ministère de la Culture. Pour un budget annuel de 215 000 €. « Il nous manque 30000 € pour nous sortir la tête de l’eau », plaide Jacques Bonniel. C’est-à-dire 15 % de son budget annuel sachant que le musée s’autofinance à hauteur de 25 %. Or, chaque collectivité se renvoie la balle, estimant qu’elle met déjà suffisamment la main au portefeuille.« L’an dernier, nous avons enregistré un déficit de 60000 € », ajoute le président qui redoute le pire et se refuse à licencier ses trois salariés. « Fonctionner sur du bénévolat, ce n’est tout simplement pas tenable. » Selon lui, la fermeture des lieux pourrait avoir pour conséquence que les fresques, qui font pourtant la fierté du quartier, ne soient laissées à l’abandon. « Qui assurerait l’entretien des murs ? s’interroge-t-il. On repère les dégradations, les tags et on appelle la Cité de La Création (qui a réalisé les peintures) pour qu’ils puissent intervenir. Et on avance l’argent. Si on disparaît, cela ne sera plus fait. » Au-delà de l’aspect patrimonial, les dirigeants du musée entendent se battre pour que « la culture persiste dans les quartiers populaires ». « Le quartier a déjà l’impression d’être abandonné, il le serait un peu plus. Les gens se sont approprié les fresques. Elles font partie de leur identité. Et pour une fois, ils ont l’impression que le centre-ville vient à eux, qu’on s’intéresse à leur territoire de vie », conclut Jacques Bonniel.