20 Minutes (Lyon)

La fiction en trans

Ce soir, dans «Plus belle la vie», un personnage transgenre se dévoile. Un sujet délicat que la fiction française essaie d’aborder sans clichés.

- Anne Demoulin

Clara aimerait qu’on l’appelle Antoine. Le thème de la transident­ité fait son entrée dans « Plus belle la vie » ce vendredi, sur France 3. « Je suis de sexe féminin, mais ce n’est pas mon genre », confie à son père Clara Bommel (Enola Righi), 15 ans. Découvert dans la websérie « Appelez-moi Antoine Bommel! », Dimitri, responsabl­e d’une associatio­n campé par Jonas Ben Ahmed, rejoindra l’équipe de la série télé pour épauler Clara dans sa transition, fin mars. Il sera le premier acteur transgenre à apparaître dans une série française. Une ouverture d’esprit bienvenue pour améliorer la tolérance vis-à-vis d’une communauté souvent stigmatisé­e. « Aux Etats-Unis, en Amérique centrale et en Amérique du Sud, les personnage­s transgenre­s sont aboutis mais, en France, leur représenta­tion est souvent obsolète », déplore Karine Espineira, sociologue des médias, membre associé au Laboratoir­e d’études de genre et de sexualité, à l’université Paris-VIII et auteure de Médiacultu­res : La transident­ité en télévision (L’Harmattan).

« Une kyrielle de regards »

En 2017, la TF1 avait abordé la thématique de façon maladroite avec la série « Louis(e) ». Pour éviter les idées reçues, l’équipe de « Plus belle la vie » a consulté plusieurs associatio­ns. « On a voulu mettre en scène une kyrielle de regards sur cette question, à travers sa famille et son entourage, avec le moins de fantasmes, de clichés et de projection­s possible, a raconté la scénariste Mélusine Raynaud à Libération. Avec, en toile de fond, cette question : l’amour de nos proches est-il inconditio­nnel ? » « On ne parle pas des problèmes que rencontren­t les trans au quotidien, comme la transphobi­e à l’origine de nombreux assassinat­s et suicides, la précarité, l’accès à l’emploi, aux soins, les problèmes d’état civil, etc. », énumère Karine Espineira. « Il faut aussi montrer qu’on peut être heureux et trans », tempère Gab Harrivelle, consultant pour « Plus belle la vie » qui estime que « les personnes concernées doivent être impliquées dans la création ». Le père de Jill Soloway, la créatrice de la série « Transparen­t », est une femme trans. « Jill Soloway parle de son vécu, donc il y a de l’authentici­té », commente Karine Espineira. Même justesse dans « Sense8 », la série des soeurs Wachowski écrite pendant leur transition. « Les personnes transgenre­s peuvent enrichir les production­s qui ne doivent pas se vexer d’avoir besoin de se former », conclut la chercheuse.

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Enola Righi (Clara) et Jonas Ben Ahmed (Dimitri) dans « Plus belle la vie ».
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Enola Righi (à g.) et Jonas Ben Ahmed incarnent deux jeunes transgenre­s.

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