Les Hospices civils s’offrent de l’air, non sans « casse »
Ils ont enregistré un bénéfice de 7,6 millions d’euros en 2017
«Une politique volontariste de transformation et de redressement fiscal qui a porté ses fruits. » Pour la première fois depuis dix ans, les Hospices civils de Lyon ont engrangé de l’argent, enregistrant en 2017 un excédent de 7,6 millions d’euros.
« La casse continue »
La direction de l’établissement, qui avait compté 94 millions d’euros de perte en 2008, s’est félicitée de ses résultats inédits, annonçant vendredi que l’argent serait « immédiatement réinvesti ». « Le contexte économique reste contraint et l’équilibre fragile, mais les gains obtenus pourront permettre d’améliorer le quotidien des salariés et des patients, dès 2018 », indique Catherine Geindre, directrice générale de l’institution. « Je mesure le poids des efforts consentis; je connais aussi les difficultés des réalités quotidiennes à l’hôpital », ajoute-t-elle. Un million d’euros sera alloué au remplacement des personnels absents « avec un élargissement des rémunérations en heures supplémentaires en cas de retour sur leurs repos ». Une enveloppe de 3,25 millions d’euros sera réservée au remplacement de « certains petits matériels » et deux millions au « développement des activités médicales ». « Cette annonce ressemble fort à une communication de crise de la part de la direction au vu du contexte de tension. La casse continue », estime Hannah, salariée de l’Hôpital Edouard Herriot. « C’est du foutage de gu… » appuie Geoffroy Bertholle, membre CGT du conseil de surveillance des HCL, pour lequel les plans successifs de retour à l’équilibre financier ont engendré de gros sacrifices humains. Le CHU lyonnais, qui compte 25 000 salariés, a progressivement regroupé les services de ses différents établissements, dégraissant ainsi une importante partie de ses effectifs. Plus de 1000 postes ont été supprimés en dix ans. « La direction n’a pas prévu de renoncer aux suppressions de postes annoncées dans les prochaines années alors que l’activité est en augmentation constante », rappelle le représentant syndical. « Si on veut réparer le mal qui a été fait, il faudrait déjà commencer à payer toutes les heures supplémentaires. Au début de l’année 2017, on dénombrait 1,2 million d’heures, effectuées par les personnels et stockées sur un compte temps. Elles n’ont jamais été payées ni récupérées. » «Les bénéfices enregistrés ne seront pas utilisés pour financer la création de nouveaux postes, déplore Hannah. Tout le monde est épuisé d’être rappelé au travail sur ses jours de repos. Là, on nous dit simplement qu’on sera mieux payé. Mais en réalité, ça signifie qu’on va continuer ainsi d’être pressurisé. Il n’en est en réalité nullement question de renforcer le pool des remplacements. »