Les secrets de la gagnante du prix Quais du polar
Gilda Piersanti a remporté le prix Quais du polar-« 20 Minutes »
Ses personnages ont souvent l’âme aussi noire que ses cheveux. Quand elle ne met pas en scène des psychopathes au sang-froid redoutable, Gilda Piersanti fait naître sous sa plume des inspectrices de police guidées par des impulsions scabreuses. Des épouses bafouées qui commettent l’irréparable ou des mères infanticides. L’auteure italienne, qui vient de remporter le prix Quais du Polar-20 Minutes pour Illusion tragique (édition Le Passage), ne s’en cache pas, et en rigole, même : oui, elle « aime les tordus ».
Tragédie grecque
Si ses personnages font preuve d’une dérangeante perversité, Gilda Piersanti est la douceur incarnée. Elle n’a mis dans ses livres aucun élément autobiographique. A un détail près. Comme l’inspectrice Mariella De Luca, héroïne de la série « Saisons meurtrières », ce qui compte pour elle, c’est « le nombre de mètres carrés de ciel » qu’elle peut voir de sa fenêtre. Voilà pourquoi elle demande souvent de loger au dernier étage d’un hôtel lorsqu’elle se déplace en Italie, son pays d’origine, ou en France, sa patrie d’adoption. Le génie de ses romans ? « Il tient dans la psychologie très forte de ses personnages », répond Yann Brian, son éditeur. Et dans la force de la narration. « Les intrigues ne sont jamais échevelées, voire complètement ahurissantes. L’explication est toujours à chercher dans les histoires de vie familiales ou de proches », poursuit-il. La romancière a pourtant l’art d’amener le lecteur où il ne s’y attend pas, lui assenant un coup de massue subtilement placé au détour d’un début de chapitre. Ce qui lui a valu de décrocher le prix SNCF du polar en 2007. Son inspiration, Gilda Piersanti la puise dans la tragédie grecque et ses mythes fondateurs : « La passion, l’accumulation de passion, le passage à l’acte. Personne n’est à l’abri de quoi que ce soit », explique-t-elle, avouant être fascinée par « ceux qui ont besoin de remplir leur vie d’un récit dans lequel ils se donnent le premier rôle ». Les narcissiques, en somme. « Ils ont une capacité très dangereuse d’asservir et manipuler ceux qui sont autour d’eux. » Certaines fois, ses personnages lui échappent. La fin est imprévisible. « C’est la force du récit, l’écriture ne nous appartient pas toujours. » Quand elle n’écrit pas, Gilda Piersanti travaille sur des scénarios pour la télévision française. Quatre de ses romans ont été adaptés pour France 2. D’autres sont en préparation pour le cinéma italien. Et quand se repose-t-elle ? « Je dévore les séries télévisées », répond malicieusement l’intéressée. Mais pas n’importe lesquelles : « True Detective », « House of Cards », « Gomorra », « Homeland » sont les premiers noms cités. « Games of Thrones », évidemment. On ne se refait pas...