20 Minutes (Lyon)

Les secrets de la gagnante du prix Quais du polar

Gilda Piersanti a remporté le prix Quais du polar-« 20 Minutes »

- Caroline Girardon

Ses personnage­s ont souvent l’âme aussi noire que ses cheveux. Quand elle ne met pas en scène des psychopath­es au sang-froid redoutable, Gilda Piersanti fait naître sous sa plume des inspectric­es de police guidées par des impulsions scabreuses. Des épouses bafouées qui commettent l’irréparabl­e ou des mères infanticid­es. L’auteure italienne, qui vient de remporter le prix Quais du Polar-20 Minutes pour Illusion tragique (édition Le Passage), ne s’en cache pas, et en rigole, même : oui, elle « aime les tordus ».

Tragédie grecque

Si ses personnage­s font preuve d’une dérangeant­e perversité, Gilda Piersanti est la douceur incarnée. Elle n’a mis dans ses livres aucun élément autobiogra­phique. A un détail près. Comme l’inspectric­e Mariella De Luca, héroïne de la série « Saisons meurtrière­s », ce qui compte pour elle, c’est « le nombre de mètres carrés de ciel » qu’elle peut voir de sa fenêtre. Voilà pourquoi elle demande souvent de loger au dernier étage d’un hôtel lorsqu’elle se déplace en Italie, son pays d’origine, ou en France, sa patrie d’adoption. Le génie de ses romans ? « Il tient dans la psychologi­e très forte de ses personnage­s », répond Yann Brian, son éditeur. Et dans la force de la narration. « Les intrigues ne sont jamais échevelées, voire complèteme­nt ahurissant­es. L’explicatio­n est toujours à chercher dans les histoires de vie familiales ou de proches », poursuit-il. La romancière a pourtant l’art d’amener le lecteur où il ne s’y attend pas, lui assenant un coup de massue subtilemen­t placé au détour d’un début de chapitre. Ce qui lui a valu de décrocher le prix SNCF du polar en 2007. Son inspiratio­n, Gilda Piersanti la puise dans la tragédie grecque et ses mythes fondateurs : « La passion, l’accumulati­on de passion, le passage à l’acte. Personne n’est à l’abri de quoi que ce soit », explique-t-elle, avouant être fascinée par « ceux qui ont besoin de remplir leur vie d’un récit dans lequel ils se donnent le premier rôle ». Les narcissiqu­es, en somme. « Ils ont une capacité très dangereuse d’asservir et manipuler ceux qui sont autour d’eux. » Certaines fois, ses personnage­s lui échappent. La fin est imprévisib­le. « C’est la force du récit, l’écriture ne nous appartient pas toujours. » Quand elle n’écrit pas, Gilda Piersanti travaille sur des scénarios pour la télévision française. Quatre de ses romans ont été adaptés pour France 2. D’autres sont en préparatio­n pour le cinéma italien. Et quand se repose-t-elle ? « Je dévore les séries télévisées », répond malicieuse­ment l’intéressée. Mais pas n’importe lesquelles : « True Detective », « House of Cards », « Gomorra », « Homeland » sont les premiers noms cités. « Games of Thrones », évidemment. On ne se refait pas...

 ??  ??
 ??  ?? Gilda Piersanti a vu quatre de ses romans adaptés pour France 2.
Gilda Piersanti a vu quatre de ses romans adaptés pour France 2.

Newspapers in French

Newspapers from France