Didier Deschamps et la délicate épreuve des réservistes
Football Venus par milliers à Lyon, les fans de l’OM ont vécu cette journée avec passion et sans heurts. Jean-Michel Aulas peut souffler
« Bah alors, je croyais que ça devait être la guerre urbaine ! » Ce supporter marseillais, arrivé devant le Parc OL mercredi en serrant la main à un socio de l’Atlético Madrid, se voulait gentiment chambreur envers les pouvoirs publics et les médias. Annoncée à très hauts risques et mobilisant un nombre colossal (1 250) de forces de l’ordre entre Lyon et Décines, cette finale européenne OM-Atlético de Madrid s’est déroulée dans une certaine sérénité, au moment où nous bouclons notre édition. A 23 h, la préfecture du Rhône n’évoquait que huit interpellations (sept pour port de fumigènes et une pour dégradation), soit « du très classique pour un match de football ». Ce choc s’annonçait pourtant tout sauf classique, y compris hors terrain. Mais les 8 000 ultras marseillais ont notamment bien respecté les consignes du responsable de la sécurité du club marseillais Thierry Aldebert en évitant le centre-ville lyonnais pour se rendre directement au Parc OL.
Un Marseillais de Bucarest
Plutôt sympas, notamment sur la place Bellecour où un village UEFA avait été ouvert la veille, les échanges entre supporters des deux camps ont déjoué les pronostics pessimistes d’un dispositif de sécurité doublé par rapport à celui d’une rencontre de l’Euro 2016. « On a vu dans les médias que les supporters marseillais pouvaient être assez chauds voire dangereux, confie Joaquin, fan de l’Atleti venu de Madrid avec des amis. Mais je ne crois pas qu’on risque quoi que ce soit ici. C’est un jour de fête et on profite de la ville. Si tu es une personne tranquille, tu as rarement de problèmes.» Une logique appliquée par les supporters des deux camps, avec de nombreuses histoires assez dingues, comme celle d’Aloïs (26 ans). Le jeune homme a décidé seulement une semaine plus tôt de venir soutenir l’OM… depuis Bucarest. « Ça faisait quatorze ans que j’attendais ce grand moment, donc ça ne m’embête pas du tout de mettre près de 500 € au total pour vivre ça, sourit-il. On a eu droit à quelques chambrages et insultes de Lyonnais en ville. Mais il ne faut pas croire, il n’y a qu’une infime partie des supporters qui vient pour un fight. » Celui-ci n’a pas eu lieu avant la rencontre, ni dans le centre-ville, ni aux abords du stade. Dans les bars du Vieux-Lyon comme le Smoking Dog, la vigilance était de mise, notamment en cas d’intervention d’ultras lyonnais. «On a renforcé nos effectifs et on a opté toute la journée pour des gobelets en plastique, au cas où ça tourne mal », explique Jack. « S’il y avait besoin de le prouver, nous montrons que tous les supporters ne sont pas des casseurs et hooligans », soulignent Geoffrey et Arthur, deux supporters marseillais. Le fantôme d’OL-Besiktas 2017 semblait vraiment loin.