La réalité virtuelle au secours des mères traumatisées
Un outil a été mis au point pour les mères traumatisées par leur accouchement
Pour certaines mères, le jour où elles ont donné la vie est l’un des plus beaux moments de leur existence. Pour d’autres, l’accouchement a laissé d’affreux souvenirs qu’elles ne veulent plus revivre. Pour aider ces femmes qui ont développé un trouble post-traumatique, un outil de réalité virtuelle, AccouZen, a été développé par une psychologue maîtresse de conférences, et un ingénieur de l’université Savoie MontBanc, à Chambéry. Une innovation importante, 5 % des femmes ayant accouché étant concernées, soit 42 000 mères chaque année. « Ce stress post-traumatique est lié au décalage entre la représentation qu’elles avaient de l’accouchement et la réalité », explique Anne Denis, psychologue à l’unité Troubles émotionnels et développementaux. Son travail consiste à aider ces femmes à rectifier les fausses croyances qu’elles ont développées après l’accouchement. « Ce syndrome n’est pas forcément lié à des événements gynécologiques compliqués. Nous accueillons aussi des femmes qui ont eu un accouchement classique, pas long, sans complication, mais qui ont pourtant développé ce stress», ajoute la thérapeute. Pour les confronter à leurs peurs et les aider à les dépasser, il est nécessaire de les replonger dans l’univers qui les angoisse. Les ramener en salle d’accouchement serait idéal. Mais en raison des normes d’hygiène et de la faible disponibilité des locaux, « ce n’est pas possible », ajoute Anne Denis, qui a donc eu l’idée de créer cet outil avec Issam-Eddine Zrelli, ingénieur à l’université. Au cours de leur thérapie, les volontaires vont ainsi bénéficier de six ou sept séances de réalité virtuelle. Equipée de lunettes et d’un casque, la patiente est plongée dans une salle d’accouchement, dans la peau d’une femme enceinte. Le thérapeute qui l’accompagne pendant la séance peut faire intervenir différents avatars (obstétricien, sage femme…) et déclencher des bruits qui aideront la patiente à affronter les situations qui l’ont traumatisée. « L’objectif n’est pas de lui faire revivre l’accouchement, cela n’aurait pas de sens, mais de la réexposer à ce qui lui a fait peur afin de traiter cette anxiété. » A ce jour, sept patientes ont pu tester cet outil, avec de bons résultats observés par la psychologue. En septembre, 60 mères volontaires qui avaient développé ce stress posttraumatique participeront à une seconde expérimentation. Une nouvelle étape menée dans des cliniques de la région Auvergne Rhône Alpes intéressées par le projet.
«Un décalage entre la représentation de l’accouchement et la réalité» Anne Denis, psychologue