20 Minutes (Lyon)

La réalité virtuelle au secours des mères traumatisé­es

Un outil a été mis au point pour les mères traumatisé­es par leur accoucheme­nt

- Elisa Frisullo

Pour certaines mères, le jour où elles ont donné la vie est l’un des plus beaux moments de leur existence. Pour d’autres, l’accoucheme­nt a laissé d’affreux souvenirs qu’elles ne veulent plus revivre. Pour aider ces femmes qui ont développé un trouble post-traumatiqu­e, un outil de réalité virtuelle, AccouZen, a été développé par une psychologu­e maîtresse de conférence­s, et un ingénieur de l’université Savoie MontBanc, à Chambéry. Une innovation importante, 5 % des femmes ayant accouché étant concernées, soit 42 000 mères chaque année. « Ce stress post-traumatiqu­e est lié au décalage entre la représenta­tion qu’elles avaient de l’accoucheme­nt et la réalité », explique Anne Denis, psychologu­e à l’unité Troubles émotionnel­s et développem­entaux. Son travail consiste à aider ces femmes à rectifier les fausses croyances qu’elles ont développée­s après l’accoucheme­nt. « Ce syndrome n’est pas forcément lié à des événements gynécologi­ques compliqués. Nous accueillon­s aussi des femmes qui ont eu un accoucheme­nt classique, pas long, sans complicati­on, mais qui ont pourtant développé ce stress», ajoute la thérapeute. Pour les confronter à leurs peurs et les aider à les dépasser, il est nécessaire de les replonger dans l’univers qui les angoisse. Les ramener en salle d’accoucheme­nt serait idéal. Mais en raison des normes d’hygiène et de la faible disponibil­ité des locaux, « ce n’est pas possible », ajoute Anne Denis, qui a donc eu l’idée de créer cet outil avec Issam-Eddine Zrelli, ingénieur à l’université. Au cours de leur thérapie, les volontaire­s vont ainsi bénéficier de six ou sept séances de réalité virtuelle. Equipée de lunettes et d’un casque, la patiente est plongée dans une salle d’accoucheme­nt, dans la peau d’une femme enceinte. Le thérapeute qui l’accompagne pendant la séance peut faire intervenir différents avatars (obstétrici­en, sage femme…) et déclencher des bruits qui aideront la patiente à affronter les situations qui l’ont traumatisé­e. « L’objectif n’est pas de lui faire revivre l’accoucheme­nt, cela n’aurait pas de sens, mais de la réexposer à ce qui lui a fait peur afin de traiter cette anxiété. » A ce jour, sept patientes ont pu tester cet outil, avec de bons résultats observés par la psychologu­e. En septembre, 60 mères volontaire­s qui avaient développé ce stress posttrauma­tique participer­ont à une seconde expériment­ation. Une nouvelle étape menée dans des cliniques de la région Auvergne Rhône Alpes intéressée­s par le projet.

«Un décalage entre la représenta­tion de l’accoucheme­nt et la réalité» Anne Denis, psychologu­e

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Les patientes sont immergées dans une salle d’accoucheme­nt.

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