20 Minutes (Lyon)

Les comptes de campagne refont polémique

A nouveau mise en cause, l’instance validant les comptes de campagne se défend

-

La Commission nationale des comptes de campagnes et des financemen­ts politiques (CNCCFP) est sous le feu des projecteur­s. Chargée de contrôler les dépenses et les recettes des candidats à une élection, cette instance a approuvé en février les comptes de ceux qui se sont lancés dans la course à l’Elysée l’an passé. Mais, depuis, les révélation­s se multiplien­t, remettant en cause l’efficacité de son contrôle. Selon Mediapart (en avril), Le Monde (en mai) et Radio France (jeudi), qui ont consulté les factures au siège de la commission, Emmanuel Macron aurait bénéficié de ristournes importante­s pour louer des salles de meeting (de 85% sur le prix de location de La Bellevillo­ise, à Paris, par exemple). Des ristournes qui plus est nettement supérieure­s à celles obtenues par ses adversaire­s. Or, selon le Code électoral, il est interdit de financer une campagne « en fournissan­t des biens, services ou autres avantages directs ou indirects à des prix inférieurs à ceux qui sont habituelle­ment pratiqués». « Les rapporteur­s n’ont pas retenu d’irrégulari­tés et la commission a suivi leur appréciati­on», a cependant déclaré jeudi son président François Logerot. Lui-même a «personnell­ement réexaminé » 19 cas de dépenses «apparemmen­t sous-évaluées». Ces rabais, dont six dépassent les 20% et quatre les 30 %, ont été considérés comme «acceptable­s», car «relativeme­nt faibles». François Logerot a balayé les révélation­s en soulignant par ailleurs l’absence de « prix du marché» dans le secteur de l’événementi­el. Concrèteme­nt, la CNCCFP calcule les ristournes en comparant le devis initial à la facture, ce qui ne permet pas de repérer les réductions négociées avant le devis. Enfin, « la commission n’a pas les moyens juridiques de rouvrir le dossier» pour un éventuel réexamen des comptes, comme réclamé notamment par Les Républicai­ns. «Sauf si le parquet établit des faits relevant du pénal, non prescrits », a martelé François Logerot, qui a écarté la possibilit­é de faire un signalemen­t à la justice, comme il l’a fait pour les comptes de Jean-Luc Mélenchon. Alors que les comptes du candidat LFI ont été approuvés par la CNCCFP, le parquet a ouvert une enquête après un signalemen­t de cette même commission. L’hypothèse d’« infraction­s fiscales de la part de certaines associatio­ns» ayant travaillé durant sa campagne, mais aussi de «possibles conflits d’intérêts » ont été émises. Pourtant, fin 2017, le contrôleur des comptes du candidat de gauche avait démissionn­é avec fracas, arguant que la CNCCFP lui avait demandé de ne pas épingler certaines irrégulari­tés…

Une ristourne de 85% sur le prix de la location d’une salle de meeting.

 ??  ?? Le candidat Emmanuel Macron au second tour de la présidenti­elle.
Le candidat Emmanuel Macron au second tour de la présidenti­elle.

Newspapers in French

Newspapers from France