20 Minutes (Lyon)

« N’ayons pas peur du féminisme »

Pour le sociologue canadien il est indispensa­ble à la bonne santé de la société

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C’est-à-dire ?

Il est primordial que l’on soutienne les droits des femmes et l’égalité femmes-hommes. Il y va de la santé de notre société. Skinheads, suprémacis­tes blancs, extrémisme­s religieux, tueries de masse… Le dénominate­ur commun entre ceux qui ont recours à la violence est clair : ce sont presque exclusivem­ent des hommes. Cela signifie notamment que ce qui les a attirés dans cette déviance répond à une certaine idée de virilité, de ce que c’est que d’être «un homme, un vrai ». Mauvais pour les femmes et autodestru­cteur pour les hommes, cela constitue aussi la cause même du terrorisme.

N’y a-t-il pas une forme d’antifémini­sme institutio­nnel sur lequel il faudrait agir ?

Si l’on veut l’égalité à la maison et au travail, il faut des politiques volontaris­tes, et prises en charge par l’Etat, qui accompagne­nt les mères souhaitant retravaill­er et les pères désireux de prendre un congé parental.

Une dernière idée tuée dans l’oeuf en France par Emmanuel Macron, pour qui le dispositif coûterait trop cher…

Ce type de politique coûte beaucoup d’argent, mais ne pas la mener coûte encore plus cher. On sait que les hommes plus impliqués dans les tâches familiales ont moins recours à la violence : or les violences faites aux femmes et aux enfants ont un énorme coût financier. Le Québec a mis en place une politique de réduction drastique des coûts des modes de garde d’enfants, de l’ordre d’à peine quelques dollars par jour, la différence étant prise en charge par la collectivi­té. Cela représente un investisse­ment mais, en réalité, le dispositif s’autofinanc­e : davantage de femmes sont retournées vers l’emploi, ont payé des impôts sur leurs revenus et ont eu les moyens de dépenser plus d’argent dans leurs commerces de proximité. C’est un cercle vertueux.

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Les hommes plus impliqués à la maison ont moins recours à la violence.

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