«Les compagnies profitent des jeunes passionnés »
Le journaliste Jason Schreier a enquêté sur les conditions de travail des développeurs
Dans Du sang, des larmes et des pixels (Mana Books), paru jeudi, le journaliste américain Jason Schreier (photo) raconte l’histoire de nombreux développeurs de jeux vidéo. A travers dix titres, de « Pillars of Eternity» à «Uncharted 4», il dévoile une réalité encore méconnue de l’industrie, entre cauchemars et miracles.
A la lecture de votre livre, on se dit que le jeu vidéo, ce n’est pas fun du tout…
Faire des jeux vidéo, c’est surtout du travail. Moi-même, je n’avais pas conscience à quel point c’était dur, compliqué, avant d’interviewer tous ces développeurs et d’écrire ce livre.
Qu’est-ce que le « crunch » ? Vous l’évoquez pour « Uncharted 4 », un succès critique et public.
C’est le terme utilisé pour décrire de plus ou moins longues périodes pendant lesquelles les équipes travaillent aussi les soirées et le weekend. Cela peut durer des semaines, voire des mois. Presque tous les studios le pratiquent. Cela crée une atmosphère délétère et coûte la santé de nombreuses personnes. Le modèle économique n’est pas en cause, car ces sociétés font des millions. Les compagnies profitent des jeunes passionnés de jeux vidéo.
Retrouve-t-on cette situation dans le cinéma ou la BD ?
Hollywood est une bonne comparaison, parce que, là aussi, on ne compte pas ses heures. Mais un film prend moins de temps à faire. Un jeu mobilise les mêmes équipes pendant plusieurs années. Sans oublier que, à Hollywood, ils ont les syndicats, une protection qui n’existe pas dans le jeu vidéo aux Etats-Unis et au Japon.