20 Minutes (Lyon)

Des associatio­ns militent pour un autre dispositif

La nouvelle usine d’Ivry-Paris-13 ne convainc pas les associatio­ns

- Fabrice Pouliquen

Peut-on avoir confiance en notre capacité à réduire nos déchets et à mieux les recycler? C’est toute la question que soulève le projet de reconstruc­tion de l’incinérate­ur d’Ivry-Paris-13, en ce moment en discussion. C’est dans cette usine qu’atterrisse­nt les ordures ménagères non triées de la moitié de la capitale et de 14 communes de la petite couronne. Soit 700 000 t de déchets par an. Mais, le site arrivant en fin de vie, il faut le changer. Le nouvel incinérate­ur sera dimensionn­é pour traiter deux fois moins d’ordures. Le Syctom (syndicat mixte central de traitement des ordures ménagères) prévoit de construire un nouvel incinérate­ur qui pourrait ouvrir en 2023. Il serait dimensionn­é pour traiter deux fois moins de déchets. «Il s’agit d’un pari audacieux », souligne le cabinet du président du syndicat. Le Syctom mise sur la baisse annoncée des quantités de déchets générés par habitant en France. Mais ça ne devrait pas suffire. « Il devra, quoi qu’il en soit, trouver une nouvelle porte de sortie à des milliers de tonnes de déchets jusque-là incinérés, explique JeanChrist­ophe Pouet, de l’Ademe (Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie). Ce qui l’obligera à renforcer la prévention, la collecte séparée et le tri/recyclage des déchets, des modes de traitement privilégié­s par la loi de transition énergétiqu­e de 2015. » Zero Waste France et le Collectif 3R tiquent sur la réelle intention du Syctom de brûler deux fois moins d’ordures. Juste à côté du nouvel incinérate­ur est prévue une usine dite de triprépara­tion. « Au lieu d’être directemen­t incinérée, une partie des ordures ménagères passera dans cette usine, détaille Anne Connan, coprésiden­te du collectif 3R. Elles y seront hachées menu, mélangées dans l’eau, puis laissées en fermentati­on.» L’idée est de récupérer les biodéchets (les épluchures, les restes alimentair­es) pour les valoriser en faisant du compost, par exemple. Un processus qui laisse sur le carreau des déchets concentrés, qui seront alors incinérés. «Le Syctom évalue leur quantité entre 180000 et 200000 t par an, précise-t-elle. Il ne brûlera donc pas réellement deux fois moins de déchets à l’avenir. C’est juste qu’une partie de ces déchets sera préparée, donc moins lourde.» Zero Waste et le Collectif 3R soutiennen­t qu’il existe une autre solution à la reconstruc­tion de l’incinérate­ur Ivry-Paris-13. C’est leur plan B’OM (baisse des ordures ménagères), dans lequel ils préconisen­t de porter les efforts sur le tri, le recyclage et le réemploi de nos déchets. « Trois cent vingthuit kilos de déchets par habitant ont été jetés non triés dans les poubelles grises sur le territoire du Syctom en 2016, et donc incinérés, indique Flore Berlingen, de Zero Waste. Or, 247 kg pourraient être traités autrement. Soit 75 %. »

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L’incinérate­ur d’Ivry-Paris-13, qui arrive en fin de vie, doit être remplacé.

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