Vanessa Paradis met « Un couteau dans le coeur »
Dans «Un couteau dans le coeur», Yann Gonzalez fait évoluer la chanteuse et actrice dans le milieu du cinéma X gay
Anne-Marie Tensi alias AMT, vous connaissez ? Peut-être pas, mais c’est de cette figure emblématique du cinéma X que Yann Gonzalez s’est inspiré pour créer le personnage principal d’Un couteau dans le coeur. « Vanessa Paradis était une évidence en productrice lesbienne de pornos
«On a gommé le côté glauque pour raconter une histoire d’amour passionné. »
Yann Gonzalez, réalisateur
gays », confie-t-il à 20 Minutes. La star est épatante dans ce thriller où ses acteurs se font décimer à coups de godemiché tranchant par un psychopathe masqué. La véritable AMT, aujourd’hui décédée, était une femme importante du cinéma X des années 1970-1980. Le réalisateur des Rencontres d’après minuit (2013) s’est volontairement éloigné de sa réalité pour construire son personnage fictif, amoureux à la folie de sa compagne, incarnée par Kate Moran. « J’ai choisi d’axer mon film sur un romantisme sombre qui n’a pas grand-chose à voir avec d’authentiques tournages de pornos », précise-t-il. Entre giallo (polar italien aux frontières du fantastique) et érotisme, Un
couteau dans le coeur trouve un ton unique. « Vanessa est une star rare qui entre dans chacun de ses rôles comme dans une aventure un peu dingo, explique le réalisateur. Elle a embrassé ma vision sans retenue.» Nicolas Maury et même le cinéaste Bertrand Mandico la guident dans ce monde délirant et vénéneux. « On a gommé le côté glauque pour raconter une histoire d’amour passionné et mélanger les genres en renvoyant le spectateur au divertissement forain qui est l’origine du cinéma», insiste Yann Gonzalez. Le cinéaste décrit son film comme « un train fantôme où on prend plaisir à avoir peur en sachant que tout est faux », mais il rend aussi hommage à ceux qu’il considère comme des pionniers du cinéma pornographique. Les tournages qu’il montre ont un aspect joyeux, presque bon enfant. «Aujourd’hui, les films X sont réduits à leur dimension masturbatoire, explique-t-il. A cette époque, ils étaient projetés en salles et permettaient des rencontres. » Une incroyable impression de liberté se dégage de ce film poétique et sexy. Le monde de Yann Gonzalez ne ressemble à aucun autre. «J’essaie de réunir des gens autour d’une envie commune de cinéma, » dit-il. Il communique cette envie au spectateur qu’il entraîne dans un univers magique où on fait fi des interdits. C’est avec un grand plaisir qu’on prend Un couteau dans le coeur.