20 Minutes (Lyon)

L’art d’Ememem fait son trou sur les trottoirs

L’artiste Ememem réalise des mosaïques sur les trottoirs lyonnais

- Garance Ferrand

Femme ou homme ? Seul ou collectif ? Difficile de savoir qui se cache derrière le pseudonyme Ememem. « Ememem est un personnage bienfaisan­t, bien fêlé. Sans identité propre », se décrit l’artiste. Son pseudonyme a été inspiré par le bruit fait par sa moto lorsqu’il l’enfourche, la nuit, pour aller « flacker » un bout de trottoir dans Lyon. « J’aime cette répétition de syllabes,

«Je crée des anomalies là où je trouve des blessures.»

Ememem, street artist

ça crée un rythme et une musique », explique-t-il à 20 Minutes par écrit. Par souci d’anonymat, cet artiste refuse de rencontrer les journalist­es. Ememem pratique le « flacking », dérivé du mot « flaque », art de la rue qui consiste à réparer et embellir chaque fissure, crevasse ou élément du bitume abîmé. « Bref, je rebouche les trous », résume-t-il. Originaire de Dole, dans le Jura, il s’intéresse d’abord à la peinture et à la mosaïque jusqu’au jour où il se met en tête de rénover l’entrée de son lieu de travail. L’artiste vit alors à Lyon. « J’ai rafistolé et coloré quelques fissures mais je me suis arrêté là. C’est en tombant dans une flaque gelée des années plus tard que l’idée m’est revenue et le premier “flacking” est né le 1er février 2016. » « Je crée des “anomalies” là où je trouve des blessures. » Ces anomalies, comme il les appelle, il s’amuse à les disséminer un peu partout dans les rues de Lyon. De Vaise à La PartDieu en passant par Croix-Rousse ou Perrache. « Lyon, c’est mon terrain d’expérience », raconte-t-il. Mais il ne s’arrête pas aux frontières de la capitale des Gaules. Ememem a déjà posé son empreinte à Paris mais aussi en Italie, notamment à Turin ou Milan. En mars, Ememem a fait rentrer son art de la rue à la Taverne Gutenberg, où son travail a été exposé. « J’ai essayé d’apporter mon univers urbain dans un lieu un poil plus institutio­nnel et c’était sympa d’essayer de faire se croiser les univers », se rappelle-t-il. L’occasion pour l’artiste de réunir et de montrer au public, dans un même lieu, ses créations, chose impossible dans la rue. Cette expérience lui a donné de nouvelles idées pour de futures exposition­s. Après avoir participé à des festivals à Terracina en Italie et à Sète, Ememem va continuer à parcourir les rues, armé de sa truelle. « Je prépare d’autres “flackings” pour la Suède en septembre, puis à l’université Paris Saclay et de nouveau en Italie en novembre », détaille-t-il. Et ses projets pour l’été ? « Je ne sais pas encore ni où ni quoi ! », répond l’artiste qui imagine « un “summer flacking tour” improvisé ».

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L’artiste utilise les trous dans le sol pour s’exprimer en couleurs.

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