Un permis pour monter au sommet va entrer en piste
Les autorités vont durcir la réglementation pour réduire les incivilités
« Le mont Blanc ? C’est devenu la cour des miracles. Tout le monde savait ce qui se passait mais personne ne disait rien. » Aujourd’hui, Jean-Marc Peillex, le maire de SaintGervais, exulterait presque. Durant de nombreuses années, l’élu n’a cessé d’alerter sur les nombreuses incivilités commises au sommet de sa montagne. Désormais, les autorités l’ont entendu et ont décidé de durcir le ton envers les (trop) nombreux alpinistes qui arpentent les sommets enneigés. Dès l’été prochain, tous ceux qui emprunteront la « voie normale », à savoir l’itinéraire qui part de SaintGervais, devront présenter un permis d’ascension. Et le nombre sera limité à 214 personnes par jour. « C’est une vraie victoire. L’omerta est enfin brisée », poursuit Jean-Marc Peillex qui a décidé de réagir dès 2003. « Cette année-là, nous étions montés au sommet avec le préfet de région et nous avions atterri dans un champ d’excréments et d’urine, explique-t-il. Tout ce que les alpinistes laissent est pris dans la glace. Mais avec la canicule, tout avait fondu. On s’est aperçu de l’étendue des dégâts et du mépris que certains avaient pour le milieu naturel. » Depuis, les incivilités n’ont cessé de croître. Elles se seraient même accélérées à partir de 2012, selon l’élu. Aujourd’hui, entre 300 et 400 alpinistes escaladent quotidiennement le toit de l’Europe. Les deux tiers font l’ascension en free-lance, c’està-dire sans guide de montagne. En partant, dans 75 % des cas, de SaintGervais. « Le problème est que ces gens-là s’en fichent. On a affaire à une bande de margoulins qui bousculent les autres cordées, voire les insultent. Des guides ont été frappés. Des cordes ont été volées dans le refuge du Goûter. Et même une paire de chaussures. Les gendarmes du PGHM ont dû venir chercher en hélicoptère l’alpiniste qui n’avait plus de chaussures », relate Jean-Marc Peillex. Si les contours juridiques restent à définir, les participants se sont rapidement mis d’accord sur les grandes lignes. Tous les candidats à l’ascension devront désormais déposer une demande avant de se lancer dans la course. Et les nuits dans les refuges devront être réservées le plus tôt possible.
« C’est une vraie victoire. L’omerta est enfin brisée. » Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais