Le don de ticket est interdit... mais pas sanctionnable
TCL Face à la mobilisation, le Sytral préfère désormais la pédagogie à la répression
Il ne s’agit pas à proprement parler d’un rétropédalage. Mais le Sytral a tout l’air d’avoir décidé de lâcher du lest sur la question houleuse du don de tickets TCL. Lundi soir, plusieurs usagers se sont mobilisés place Bellecour à Lyon, à l’initiative du Mouvement pour une alternative non-violente (MAN), pour s’opposer au règlement TCL qui, depuis 2017, sanctionne le fait de donner à une tierce personne un ticket de bus utilisé, mais encore valable. Une infraction pouvant donner lieu à une amende de 150 €. « Laisser son ticket à d’autres personnes n’est pas un délit pour nous, mais un signe de solidarité avec tous ceux qui ne peuvent pas payer les transports », ont rappelé, lundi, les usagers mobilisés, soucieux à travers leur « action de désobéissance civile » d’obtenir l’annulation de cette règle.
La fraude combattue
Le sujet, qui a donné lieu ces derniers mois à une pétition signée par plus de 10 500 personnes, s’est également invité au conseil municipal, lundi. A travers la voix d’Isabelle Granjon, conseillère municipale et membre du groupe Lyon Citoyen et solidaire. « Donner son ticket n’est pas un délit », a martelé l’élue. « Les tarifs sont prohibitifs et n’incitent pas à utiliser les TCL », a-t-elle ajouté, songeant notamment aux plus précaires. C’est davantage en tant que présidente du Sytral que Fouziya Bouzerda, adjointe lyonnaise en charge du commerce et de l’artisanat, lui a répondu. « Nous avons des tarifs solidaires appliqués à chaque situation », a-t-elle rétorqué. « Le fait de remettre son ticket ne conduit pas à une verbalisation, il est incessible, c’est la règle sur le réseau. Néanmoins ce n’est pas verbalisé », a assuré la présidente, rappelant l’usage frauduleux fait avec les tickets déposés par des usagers aux abords des portillons des métros.
« Nous constatons depuis plusieurs années la récupération par une filière organisée de tickets, aux stations Bellecour, Hôtel de Ville et Part-Dieu notamment. Ils sont ensuite revendus à des personnes âgées et à des touristes. » Une situation inacceptable pour le Sytral qui compte aujourd’hui davantage sur la « pédagogie » que sur la répression pour limiter le don de tickets. Cette pratique, très répandue sur le réseau, vient également peser sur les recettes du syndicat mixte, déjà pénalisé par la fraude, dont le coût est évalué à 11 millions d’euros par an. Des arguments qui pourraient ne pas suffire à convaincre les usagers, nombreux ces derniers jours à avoir relayé et soutenu sur les réseaux sociaux la campagne du MAN.