20 Minutes (Lyon)

L’ado, l’essence de Riad Sattouf

Bande dessinée L’auteur a sorti jeudi le quatrième volet de «L’Arabe du futur», dans lequel il raconte son adolescenc­e

- Olivier Mimran

Depuis quatre ans, Riad Sattouf tient en haleine un public de plus en plus nombreux avec le captivant récit de son enfance, « L’Arabe du futur ». Il a fallu attendre plus longtemps que d’habitude – deux ans au lieu d’un – pour découvrir le tome 4, son avantderni­er volume. Mais cette attente est largement récompensé­e : avec 288 pages, l’album est deux fois plus copieux que les précédents, et celuici donne un nouvel élan à la série en révélant les bouleverse­ments – hormonaux, mais pas seulement – qu’a vécus l’auteur de 1987 à 1992, à l’adolescenc­e. L’adolescenc­e est une étape compliquée, mais ça semble l’avoir été encore plus pour le jeune Riad qui, en plus d’assister à la transforma­tion de son corps, se débat entre deux cultures, voit ses parents s’éloigner l’un de l’autre, son père se tournant de plus en plus vers la religion. Interrogé par 20 Minutes, Riad Sattouf confirme que « “L’Arabe du futur” raconte finalement la fascinatio­n d’un enfant pour son père, puis la prise de conscience, décrite dans ce volume, que ce dernier n’est pas aussi incroyable que son fils le croyait quand il avait 3 ans.» Et le dessinateu­r de préciser : « Le regard change au fil des années. Je trouve très intéressan­t de raconter ce processus, qui est celui que j’observe aussi dans “Les Cahiers d’Esther”. » Tantôt attachant, tantôt exaspérant, ce père dont on découvre les contradict­ions au fil des albums, perd ici de sa superbe tandis que la figure de sa mère semble demeurer intangible, voire héroïque après qu’elle a vaincu un cancer. L’épisode est d’ailleurs évoqué très pudiquemen­t, ce qui semble paradoxal dans l’exercice de l’autobiogra­phie. « Peutêtre, concède Riad Sattouf. Mais une grande partie de mon travail n’est pas très intellectu­alisée et recèle une large part d’instinctif. J’ai rarement la sensation de faire une histoire, mais plus l’impression que c’est l’histoire qui se présente et que c’est à moi de la raconter. » Et raconter, c’est précisémen­t une chose que Riad Sattouf sait faire. Avec un talent qui lui vaut une reconnaiss­ance méritée à travers le monde – la série est traduite en 21 langues. « Au Brésil, un lecteur m’a raconté que la série lui rappelait sa propre enfance dans une petite ville jouxtant une favela, près de Rio, raconte l’auteur. Il jouait avec les enfants qui vivaient là et essayait de se faire accepter, comme j’ai dû le faire en Syrie. C’est très émouvant d’être compris par des gens d’autres pays et, surtout, qu’ils puissent se reconnaîtr­e dans cette histoire ! »

«Une grande partie de mon travail n’est pas très intellectu­alisée. »

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Cet avant-dernier tome révèle les bouleverse­ments que l’auteur a vécus.

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