20 Minutes (Lyon)

Trois hommes pour un coup fin

Cyclisme Avec Alaphilipp­e, Bardet et Pinot, la France est bien armée pour les Mondiaux, dimanche. Encore faut-il être bien soudé

- Bertrand Volpilhac

Dimanche, tout autre résultat qu’un maillot arc-en-ciel de champion du monde sera une déception pour les tricolores. Sur le parcours très exigeant d’Innsbruck (Autriche), l’équipe de France, avec Alaphilipp­e, Pinot et Bardet, se présentera comme la grande favorite de ces Mondiaux de cyclisme. Mais on a beau avoir la meilleure sélection depuis des années, encore faut-il s’entendre. Car nos trois patrons ont tous le profil de celui qui lève les bras à l’arrivée. Et il n’est pas impossible qu’en jouant ses trois cartes, la France s’éparpille.

«Des gars honnêtes»

Le sélectionn­eur, Cyrille Guimard, a tenté d’établir une hiérarchie dans L’Equipe. « Les coureurs savent comme moi le potentiel et les qualités de chacun. Alaphilipp­e sera le fil conducteur. » Le puncheur a beaucoup gagné cette année et est capable de faire la différence dans de forts pourcentag­es, comme dans un petit groupe au sprint. Son statut de n°1 est d’une logique implacable. Mais… «Je pense que le parcours peut permettre à des grimpeurs de s’exprimer, et c’est pour ça que je m’inscris à côté de Julian, indiquait Romain Bardet sur France 2. Tout se passera pour que le meilleur puisse s’imposer.» C’est joliment tourné, mais pas forcément rassurant. Ancien sélectionn­eur national, Laurent Jalabert résume le boulot qui va attendre Cyrille Guimard : « Il va devoir instaurer un état d’esprit collectif. Ce n’est pas facile, ce sont des champions, avec de l’ego.» Vous imaginez vraiment un mec d’AG2R (Bardet) rouler pour que le maillot arc-en-ciel soit chez Groupama-FDJ (Pinot) ou chez Quick-Step (Alaphilipp­e)? Certaines mauvaises langues assurent même que ce dernier aura plus de soutien de son coéquipier luxembourg­eois Bob Jungels que de ses compatriot­es. Alaphilipp­e, Pinot et Bardet sont quasiment de la même génération, se respectent et s’apprécient, sans être vraiment potes. Ancien coureur pro, Boris Zimine a roulé avec Pinot et Bardet en équipe de France de jeunes : « Au départ de la course, ils auront des ambitions qui font que le premier scénario qui leur viendra en tête ne sera pas celui de se sacrifier pour l’autre. Mais ils partagent un amour du maillot et ils savent ce qu’un titre mondial représente. Ils peuvent se mettre à travailler ensemble. Ce sont des gars sincères, honnêtes. » Et la course risque de décider pour eux. D’autant plus sur ce circuit, avec ses 5 000 m de dénivelé positif et sa bosse de 3 km à 10% de pente de moyenne, à 10 km de l’arrivée. Si certains se sentent moins bien, ils se mettront naturellem­ent au service d’un autre, c’est le jeu. «Il faut garder l’unité le plus longtemps possible et lancer les hostilités dans la dernière bosse, lance Jalabert. Si on s’isole, on est livré chacun à soi-même.» Alors qu’à trois dans la terrible Gramartbod­en, l’effet de nombre peut payer.

 ??  ??
 ??  ?? L’armada française avec Alaphilipp­e, Pinot et Bardet (de g. à dr. et de h. en b.).
L’armada française avec Alaphilipp­e, Pinot et Bardet (de g. à dr. et de h. en b.).

Newspapers in French

Newspapers from France