Il tente de saisir comment le cerveau analyse autrui
Recherche Un scientifique lyonnais planche sur les analyses effectuées par notre cerveau
Chaque jour, nous agissons et interférons avec les autres, en interprétant en permanence leurs intentions. Sans même nous en rendre compte. C’est notre cerveau qui travaille pour nous, en traitant les informations et en puisant dans notre mémoire. Mais comment, précisément, interprétons-nous les intentions d’autrui ? Qu’est-ce qui nous permet de savoir si notre interlocuteur est plutôt compétitif ou coopératif ?
Pour répondre à ces questions, Rémi Philippe, un chercheur de 24 ans en doctorat en neurosciences cognitives à Lyon, a consacré sa thèse à ce vaste sujet, en planchant sur cette étonnante machine qu’est notre cerveau. Il a étudié le comportement d’une trentaine de candidats, volontaires pour participer à l’étude.
Appel aux volontaires
« Nous les avons fait jouer à une sorte de shifumi pour voir comment ils s’adaptaient au jeu de leur adversaire, comment ils interprétaient ses intentions, indique le jeune homme. Cette première phase a montré que les joueurs s’adaptaient rapidement au jeu, même lorsque en pleine partie, l’adversaire, coopératif jusqu’alors, se révélait finalement compétitif. » La seconde phase va débuter prochainement avec l’étude IRM du cerveau des joueurs. L’objectif est de mieux comprendre ce qui se passe dans la jonction temporelle pariétale du cerveau, dite TPJ, où sont traitées les informations. «Nous voulons déterminer où sont encodées précisément ces données qui nous permettent d’interpréter les intentions des autres, de nous adapter, puis de prendre une décision. Comment les différentes zones du cerveau interagissent entre elles», détaille le chercheur. Dans le cadre de ses travaux, il recherche une centaine de volontaires (rémunérés), dont le cerveau sera étudié lors d’une imagerie IRM (1) réalisée à l’hôpital neurologique. « Nous étudierons ce qui se passe lorsqu’ils jouent », précise-t-il. L’avancée de ces travaux pourrait se révéler précieuse dans le futur, pour améliorer, notamment, la recherche sur l’autisme. « Chez les autistes, c’est cette zone du cerveau qui pêche. Ils ne se rendent pas compte des changements d’interactions avec les autres », décrit le scientifique. (1) Les volontaires peuvent postuler à l’adresse : remi.philippe@isc.cnrs.fr