20 Minutes (Lyon)

Avec Bolsonaro au pouvoir, les Brésiliens sont partagés entre espoirs et inquiétude­s

Jair Bolsonaro élu, les Brésiliens attendent un avenir meilleur

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Lundi matin à Rio, comme à São Paulo, la vie a repris son cours, comme si de rien n’était. Le contraste est saisissant après quarante-cinq jours d’une campagne présidenti­elle violente et acharnée. Elle s’est conclue dimanche soir par des effusions de joie après la victoire du candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro (56 % des voix) sur Fernando Haddad, du Parti des travailleu­rs (PT) de l’ex-président Lula. « Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu le Brésil comme cela », sourit Adriana, croisée dans le centrevill­e de Rio. Cette esthéticie­nne de 38 ans, qui a participé à la campagne de Jair Bolsonaro, estime qu’«il fallait changer les choses» et que, «si tout le système corrompu est contre lui, c’est qu’il représente celui dont on avait besoin».

« On a jeté les dés »

Selma, étudiante de São Paulo, a, elle, vécu une fin d’élection moins joyeuse après avoir voté pour la gauche. « Toute la journée, ça a été assez tendu, parce que je suis noire et j’ai une nièce qui est lesbienne. J’appartiens à cette partie des Brésiliens qui sont profondéme­nt inquiets par les conséquenc­es de la victoire de Bolsonaro [lire ci-contre].» Durant la campagne, le candidat n’a pas caché son caractère autoritair­e et ses positions intolérant­es vis-à-vis des minorités notamment. Mais, au lendemain de son élection, ses adversaire­s ne souhaitent pas tous que les choses tournent plus mal qu’elles ne le sont déjà pour leur pays. « Ce matin, j’ai une réaction un peu moins “émotionnel­le”, explique Selma. Je me dis qu’il est possible que la présidence de Bolsonaro ne soit pas aussi horrible que ce que l’on craint. On va attendre de voir un peu ce qu’il fait.» Willian, programmat­eur informatiq­ue de 26 ans, abonde : « J’ai des amis qui parlent de fuir le Brésil, mais, moi, j’espère que ma vision de lui était erronée et qu’il gouvernera bien le pays, principale­ment dans les domaines de l’éducation et de la sécurité.» Un voeu pieux ? « Bolsonaro n’est pas très préparé », souligne Willian, citant l’exemple de Donald Trump qui a confirmé, une fois au pouvoir, les craintes préalables. « On a jeté les dés et on verra bien ce que cela donne.» Pour Paulo et Ana Maria, patrons d’un kiosque à journaux à São Paulo, «le plus important, c’est que les Brésiliens se lèvent chaque jour pour travailler et faire avancer leur pays. Tout ne dépend pas que des hommes politiques. »

A São Paulo, Amélie Perraud-Boulard et, à Rio de Janeiro, Corentin Chauvel

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Paulo et Ana Maria, commerçant­s, ont conscience que « tout ne dépend pas des hommes politiques ».

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