Du livre à la série, Stephen King perd de sa splendeur
Les oeuvres de l’écrivain ne sont pas toujours des réussites sur le petit écran
L’un des mystères de la pop culture. Parmi la soixantaine de films inspirés de l’oeuvre de Stephen King, très peu sortent du lot : Ça, Carrie, Christine, Misery, Stand by Me, Les Evadés ou encore Shining. Et encore, ce dernier est renié par l’écrivain lui-même, qui n’a pas apprécié ce qu’en a fait le réalisateur Stanley Kubrick, alors qu’il en a validé la version télé de 1997. Sur le petit écran, justement, si « Ça – Il est revenu », « Le Fléau » ou « Les Tommyknockers » titillent la fibre nostalgique de ceux qui ont découvert ces fictions sur M6, peu de séries adaptées de Stephen King – il en existe une trentaine – rencontrent leur public. Parmi elles, « 22/11/63 », qui envoie James Franco dans le passé pour tenter d’éviter l’assassinat de JFK, a été lancée, dimanche, sur TF1 Séries Films. Le premier épisode de la soirée a été regardé par 440 000 curieux, soit environ 300 000 de moins que pour « Une femme d’honneur » sur TMC.
Pour Jérémy Guérineau, auteur du livre Les Adaptations de Stephen King, « 22/11/63 » est pourtant « l’une des meilleures » transpositions d’un livre du romancier. Il concède que « la majorité du temps, les adaptations de Stephen King ne sont pas des réussites », ce qu’il explique par « la nécessité des créateurs de broder afin de pouvoir faire durer et perdurer les séries [six saisons de « Dead Zone », six autres de « Haven », trois de « Under the Dome »…] ».
« A chaque adaptation d’une oeuvre chérie, il y a un risque de décevoir, assurait Meredith Borders dans son article intitulé “Pourquoi la meilleure adaptation d’un Stephen King est peut-être celle qui n’est pas vraiment une adaptation d’un Stephen King” et publié, en juillet, sur le site Bloody Disgusting. Les personnages que l’on préfère ne ressemblent pas, n’agissent pas ou ne s’expriment pas comme on le pensait. Les contraintes de budget mettent à l’épreuve les limites de notre imagination. » Outre « 22/11/63 », « Castle Rock » tente de séduire actuellement sur Canal +. Derrière cette série, le producteur J. J. Abrams et Stephen King lui-même. Elle plonge le télespectateur dans l’univers de l’avocat Henry Deaver qui revient dans sa ville natale du Maine après qu’un homme est retrouvé vivant, enfermé dans un sous-sol de la prison de Shawshank. Les épisodes entretiennent « un mystère constant et croissant en multipliant les références plus ou moins discrètes à Stephen King », observe Jérémy Guérineau. A 20 Minutes, on mise davantage sur l’adaptation de « Docteur Sleep », la suite de « Shining », annoncée pour 2020 sur Netflix. La meilleure adaptation de Stephen King n’est-elle pas celle à venir ?
« Les créateurs doivent broder afin de pouvoir faire durer les séries. »
Jérémy Guérineau, spécialiste de l’écrivain