20 Minutes (Lyon)

Des habitants de Druillat demandent des explicatio­ns

Autour de Druillat (Ain) où sont nés des bébés sans bras ou main, la population s’interroge

- Elisa Frisullo

A Druillat, un village de l’Ain niché en pleine campagne à 20 km de Bourgen-Bresse, seul le carillon de l’église vient perturber le calme des lieux. Ce mercredi, la petite place est déserte, tout comme les ruelles de cette commune qui fait la une de l’actualité. Bien malgré elle. Le bourg est l’épicentre de la zone dans laquelle sept bébés sont nés sans bras entre 2009 et 2014, selon une étude du réseau des malformati­ons en Rhône-Alpes (Remera). Une affaire qui a fait grand bruit, au point d’amener le gouverneme­nt à lancer une enquête sur les foyers observés dans l’Ain, le Morbihan et en Loire-Atlantique. « On a appris ça quand ça a été médiatisé. Avant, on n’en avait jamais entendu parler », confie une habitante, un brin agacée de voir le nom de Druillat revenir en boucle dans cette affaire. D’autant qu’aucune famille du bourg n’est concernée, selon la mairie, qui précise sur son site n’avoir jamais « eu connaissan­ce de la naissance d’enfants nés sans bras ou sans main sur son territoire ».

« Les habitants ont un peu peur que tout cela fasse mal au village », ajoute un autre riverain. « Après, on se pose des questions. Ce n’est pas la panique, mais on veut savoir pourquoi il y a une concentrat­ion de cas dans ce secteur », complète une autre. Les onze nouveaux cas suspects signalés dans l’Ain par Santé publique France n’ont fait qu’ajouter aux interrogat­ions. « Ce serait bien que l’on connaisse les causes, acquiesce un agriculteu­r installé près de Druillat. Notre secteur se trouve sur le trajet de la ligne aérienne Lyon Genève, nous ne sommes pas loin de la centrale du Bugey, mais tout de suite on pointe du doigt les paysans, regrette-t-il. Mais personne ne sait rien. Il faut attendre les résultats de l’enquête et rester prudent. » A quatre kilomètres de là, à Pontd’Ain, le sujet est moins présent. « Les gens ne se sentent pas concernés car les familles touchées par ces malformati­ons vivaient en zone très rurale », explique Marie, mère de quatre enfants. Si ces quelques kilomètres de distance suffisent à en rassurer certains, ils n’effacent pas toutes les craintes.

« On se demande forcément ce qui a pu se passer autour de chez nous, on s’interroge sur notre environnem­ent, soupire une commerçant­e. On pense vivre préservé à la campagne, mais nous ne sommes pas plus à l’abri ici qu’ailleurs. »

« On pense vivre préservé à la campagne, mais nous ne sommes pas plus à l’abri. » Une commerçant­e de Pont-d’Ain

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Sept cas de malformati­ons ont été recensés autour du bourg entre 2009 et 2014.

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