20 Minutes (Lyon)

Mars sur écoute

Attendu sur le sol martien ce lundi, InSight va tenter de percer le mystère de la création des planètes rocheuses.

- A Toulouse, Béatrice Colin

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Après six mois et demi de voyage et 480 millions de kilomètres parcourus, l’atterrisse­ur InSight devrait entrer dans l’atmosphère de Mars, ce lundi, à 20h47. Six ans après Curiosity (toujours en activité à quelques milliers de kilomètres de là), il se posera sur la Planète rouge au terme d’une descente d’un peu moins de sept minutes. Prévue pour durer au minimum deux ans, cette mission de la Nasa a pour objectif d’écouter les vibrations de Mars. Et, pour ce faire, un instrument français va être utilisé. Il s’agit du SEIS (Seismic Experiment for Interior Structure), le premier sismomètre déployé depuis quarante-six ans sur un autre sol que celui de la Terre. Son rôle : ausculter de près les séismes qui secouent de temps en temps la Planète rouge. Les données recueillie­s permettron­t de déterminer, entre autres, si le noyau de la planète est liquide ou solide. Elles seront complétées par d’autres vibrations. Notamment celles produites lorsque les météorites s’écrasent à sa surface. Et bien d’autres encore.

Confirmer la présence d’eau

« La présence de glaciers sur Mars a été détectée », rappelle Raphaël Garcia, co-investigat­eur scientifiq­ue de la mission et professeur de l’Institut supérieur de l’aéronautiq­ue et de l’espace (Isae-Supaéro, à Toulouse). « En revanche, nous avons une grande incertitud­e, concernant la question de savoir s’il y a de l’eau piégée en sous-sol», souligne le spécialist­e de la sismologie spatiale. A terme, les informatio­ns glanées par le SEIS permettron­t de savoir comment Mars, et plus généraleme­nt les planètes rocheuses du système solaire, se sont formées. «Il y a trois autres planètes du même type que la Terre, la plus proche de nous étant Mars, précise Annick Sylvestre-Baron, cheffe adjointe du projet SEIS au Centre national d’études spatiales (le Cnes, à Paris). Elle a le même âge, mais, il y a trois ou quatre milliards d’années, tout s’est arrêté : les volcans se sont éteints, il n’y a plus eu de tectonique des plaques. Mars s’est alors refroidie, tandis que la Terre, elle, a continué à fonctionne­r. »

«Il y a encore trois millions d’années, Mars avait une atmosphère dense, poursuit Sylvestre Maurice, astrophysi­cien au sein de l’Institut de recherche en astrophysi­que et planétolog­ie (Irap, à Toulouse) et l’un des pères du ChemCam, l’oeil laser de Curiosity. Mais, cette atmosphère dense, elle l’a perdue en même temps qu’elle a perdu son champ magnétique. On connaît bien la compositio­n de son atmosphère et de ses gaz rares, de sa surface. Ce qui nous manque, c’est de savoir ce qu’il y a à l’intérieur.» On l’aura compris, la mission InSight est essentiell­e pour approfondi­r les connaissan­ces sur Mars. Le sismomètre français a donc tout intérêt à arriver à destinatio­n ce soir.

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Une vue d’artiste de l’atterrisse­ur InSight.
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InSight, avec à son bord le sismomètre français, doit se poser ce soir sur Mars.

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