20 Minutes (Lyon)

Y a pas d’âge pour la coloc

De nombreux trentenair­es et quadragéna­ires privilégie­nt, aujourd’hui, la colocation. Un choix dicté avant tout par des préoccupat­ions économique­s.

- Clio Weickert

«Johnny, ça s’écoute, ça se regarde, mais ça ne se danse pas.» La règle est bien connue du côté de Moonlight Animations. Ces spécialist­es de l’animation de mariages et de soirées, installés en région parisienne, sont formels : Johnny Hallyday n’a pas sa place dans un mariage. Mais, depuis la mort de l’idole il y a un an, les hommages en tout genre se multiplien­t : statues, livres, réédition d’albums… Toute la France, pour soigner sa peine, s’est (re)mise à écouter en boucle les tubes du Taulier. Son répertoire s’invite-t-il désormais lors de festivités telles que les mariages? Damien L’Anthoën, DJ et animateur de Dam’s Event, n’a pas constaté de changement notable après la mort du rockeur. Quelques légers clins d’oeil à Johnny Hallyday les premières semaines qui ont suivi son décès, mais, très vite, les requêtes se sont taries. « Johnny est un peu dans la liste noire des mariages, observe-t-il. Comme Claude François, ça s’essouffle, il y a deux ou trois ans ça marchait encore, mais, plus le temps passe, moins les clients le demandent. Ça a trop été entendu. »

Erwan, DJ

Ce qui est moins le cas dans les soirées karaoké, où « Gabrielle » et « L’envie », des chansons « faciles à chanter et dont on connaît les paroles », semblent avoir toute leur place, selon le DJ. Tout comme du côté des fiestas des sapeurs-pompiers, «très festifs». Depuis la mort de Johnny, Erwan, DJ pour l’entreprise Deminuit, observe une légère évolution, qui n’est pas anodine. «Il y a eu un basculemen­t après sa mort, c’est devenu moins “beauf”, estime-t-il. Avant, on n’avait pas l’habitude de passer du Johnny pour les mariages haut de gamme. Maintenant, c’est devenu un hommage.» Erwan envisage d’ailleurs très bien un petit «Gabrielle» à l’heure du cocktail.

Mais ce n’est pas tout. Au-delà de la « mainstream­isation » de Johnny, plaisante le DJ, un rajeunisse­ment de la demande est observé. «Avant, les gens que cela concernait avaient plutôt autour des 50-60 ans. Maintenant, ce n’est pas massif, mais il arrive que des plus jeunes nous en demandent. »

On est tout de même loin d’un spectacula­ire retour de hype. Il faut dire que la gestion de la musique dans un mariage est un art subtil et délicat, qui n’autorise pas le moindre écart. « On dit souvent qu’on a le droit à une seule erreur, explique Damien L’Anthoën. Au bout de deux, ça devient compliqué, car les gens se disent que le DJ n’est pas terrible ce soir. » Et ça peut se jouer à un « Requiem pour un fou » près.

«Maintenant, passer du Johnny pour un mariage, c’est un hommage.»

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 ??  ?? Des mariés qui swinguent sur des tubes de Johnny, est-ce possible?
Des mariés qui swinguent sur des tubes de Johnny, est-ce possible?

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