Des commerces mis en péril par la crise sociale
Economie La CCI alerte sur les conséquences des manifestations des « gilets jaunes » sur les chiffres d’affaires à l’approche des fêtes
« L’ordre doit être rétabli. » La chambre de commerce et d’industrie (CCI) de la Métropole de Lyon, Saint-Etienne et Roanne, comprend « certaines revendications des “gilets jaunes” », mais s’inquiète. « Les entreprises qui se situent à proximité des barrages en place depuis plus de trois semaines sont dans une situation préoccupante », alerte-telle. Elle évoque de nombreux commerces « en cessation de paiement ». « Plusieurs d’entre eux ont vu leurs chiffres d’affaires chuter de 50 %, 80 %, voire 100 % », détaille-t-elle.
Ni fréquentation ni livraisons
C’est le cas de Daniel Loctin, qui gère trois établissements de restauration rapide à Saint-Etienne. « L’année est foutue, ça nous a tués, déplore-t-il. Depuis le 17 novembre, la situation est compliquée. » Les manifestants se sont postés à un rond-point de la zone industrielle où se trouve l’un de ses restaurants. Le 17 novembre, son chiffre d’affaires a chuté de 95 %. « Le dimanche, les forces de l’ordre nous ont conseillé de fermer, ce que l’on a fait », raconte le restaurateur. Et la situation ne s’est pas améliorée. « Les jeunes hésitent. La clientèle familiale ne se déplace plus. » Il envisage désormais de « faire une demande de chômage partiel ». « Nous rencontrons un autre problème, ajoute-t-il. Tous nos produits sont frais. Quand vous ne les vendez pas, vous êtes obligés de les jeter. En ce moment, nous faisons face à de grosses pertes financières et nous sommes frappés d’une double peine. »
Les activités d’autres ont été fortement entravées par des retards ou des annulations de livraisons. « Habituellement nous sommes livrés tous les deux jours. Désormais, c’est beaucoup plus aléatoire », constate Malek Sahli, gérant du Casino situé sur la place du Peuple à SaintEtienne. Il affirme que les pertes seront importantes. « On devrait se situer autour d’une baisse de 30 % de notre chiffre d’affaires, prédit-il. On est dans la dernière ligne droite. Si on loupe les fêtes de fin d’année, on rate l’année. »
Laurent, responsable d’une boutique de prêt-à-porter, s’inquiète également de possibles débordements ce weekend. « La situation de ces derniers jours a été tendue. On voit quelques jeunes faire une sorte de repérage, explique-t-il. On redoute qu’ils ne passent à l’action samedi car on entend les rumeurs, on voit les appels à venir faire du shopping gratuit sur les réseaux sociaux. »
Les CCI de France ont demandé que les entreprises « lourdement impactées » par les désordres et les blocages puissent bénéficier de « mesures d’accompagnement rapides » par l’Etat. Un dispositif Activité partielle a été mis en place pour que les chefs d’entreprise concernés fassent connaître leur situation.