Saint-Etienne a retrouvé son calme, mais reste sur le qui-vive
Sur la place de l’hôtel de ville, à SaintEtienne (Loire), une poignée de badauds flâne dans les allées désertes du marché de fin d’année. Dans les haut-parleurs, une chorale entonne un gloria de Noël. La quiétude apparente ne laisse presque rien entrevoir du « chaos » de la veille. Samedi, la ville a été le théâtre de violents affrontements entre des jeunes et les forces de l’ordre en marge de la manifestation des « gilets jaunes ». Près de 30 personnes ont été interpellées, la moitié était des mineurs.
Bernadette, 80 ans,
ex-syndiquée
on ne comprend pas. Eux [les «gilets jaunes»], ils pensent que l’on défend Macron. Non, on défend tout simplement notre travail.» Bernadette, une passante de 80 ans, balaie du regard les quelques bris de verre, encore présents sur le trottoir. « C’est triste, car on peut manifester sans tout dévaster, confie cette ex-syndiquée. A mon époque, si j’avais cassé, on m’aurait virée sur le champ.» L’octogénaire se montre aussi indignée par le comportement de «certains enfants dont les parents ne s’occupent pas» : «Maintenant, on casse des supérettes pour voler de l’alcool.» Ou des enseignes de téléphonie mobile, comme c’était le cas samedi. « En tout cas, cela montre que la France va mal et qu’elle risque de tomber très bas », conclut-elle. Philippe, gérant d’un tabac, chemine café à la main. «La casse, c’est toujours dommage, mais si le gouvernement avait répondu positivement dès les premières semaines, on n’en serait peut-être pas là aujourd’hui.» Et d’augurer : « S’il se montre toujours aussi hautain, les choses ne vont pas s’améliorer. »
«De mon temps, si j’avais cassé, on m’aurait virée.»