«Le grand gagnant, c’est Amazon»
« Je vis l’enfer, déplore Laurent, un commerçant du centre-ville de Toulouse (Haute-Garonne). Depuis que les manifs [des «gilets jaunes»] ont commencé, mon chiffre d’affaires a chuté de plus de 50%, alors que c’est la période phare de l’année. » Thierry, qui tient l’un des bars du marché de Noël, sur la place du Capitole, ajoute, las : « On constatera les dégâts dans six mois. »
«Derrière, il y a les impôts»
Les deux hommes n’ont rien contre les revendications des « gilets jaunes », et pourtant. « Ils devraient plutôt bloquer les ports et aménager des couloirs pour que les gens viennent faire les courses au centre, avance Laurent. Pendant ce temps, Amazon a augmenté son chiffre d’affaires de 56%, alors que l’entreprise ne paie pas ses impôts en France.» En bordure d’une longue allée où voisinent bonnets de Noël, pains d’épices, spiritueux gascons et sacs à dos anti-pickpocket, Arnaud le vendeur de savons lance : «Le grand gagnant, c’est bien Amazon.» Toute la semaine dernière, les commerçants des lieux ont vécu au gré des ouvertures et des fermetures du marché de Noël (samedi, il est resté ouvert jusqu’à ce que le cortège de manifestants arrive sur la place du Capitole). Laurent s’interroge, inquiet : « Est-ce qu’on va arriver à payer notre chalet et les fournisseurs? Sachant que, derrière, il y a les impôts…» « C’est une catastrophe pour notre économie», a déclaré dimanche Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, lors d’une visite aux commerçants dans la capitale. Mais « cela concerne aussi beaucoup de petites et grandes surfaces dans de petites et grandes villes avec des zones d’activité qui sont bloquées», a renchéri sur LCI Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Action et des comptes publics. Les conséquences globales du mouvement pour l’économie sont encore difficiles à mesurer. Des estimations de la Banque de France sur la croissance du quatrième trimestre, attendues ce lundi, en donneront une idée.