20 Minutes (Lyon)

Ecrire ses mémoires, une thérapie pour les patients en fin de vie

- Oihana Gabriel

«Le livre conjure l’oubli», certifie Valéria Milewski. Depuis dix ans, cette « biographe hospitalie­r » balade son carnet et son écoute bienveilla­nte dans le service d’oncologie et d’hématologi­e de l’hôpital Louis-Pasteur de Chartres (Eure-et-Loir), où elle est employée en CDI. Son travail : proposer aux malades de lui confier leurs souvenirs pour en faire un recueil. Un soin à part entière, assure Frédéric Duriez, médecin et président de Passeur de mots, passeur d’histoires, l’associatio­n dont est membre Valéria Milewski et qui a jusqu’à présent accompagné 250 patients. «L’expérience nous montre que ce projet restaure les malades dans une identité au présent. Ils retrouvent une part de liberté à un moment ils sont beaucoup l’objet de soins, mais peu le sujet de choix.» Leurs proches, eux, sont unanimes sur les effets positifs de la démarche. «Pour mon mari, cela a été une bouffée d’oxygène extraordin­aire, confie Christiane, qui a perdu son époux il y a huit ans. A la fin, il n’était plus dans sa maladie. Il ressentait un devoir de mémoire vis-à-vis des génération­s futures. Il s’est réinvesti dans cette capacité à transmettr­e, redevenant quelqu’un qui peut nous faire un dernier cadeau.» Aujourd’hui, l’associatio­n Passeur de mots, passeur d’histoires compte douze biographes dans quinze hôpitaux. Mais ce métier pourrait connaître un boom en 2019. La faculté de Poitiers espère créer, avec l’associatio­n, un diplôme de biographe hospitalie­r d’ici trois ans.

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Valéria Milewski, biographe hospitalie­r.

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