Ecrire ses mémoires, une thérapie pour les patients en fin de vie
«Le livre conjure l’oubli», certifie Valéria Milewski. Depuis dix ans, cette « biographe hospitalier » balade son carnet et son écoute bienveillante dans le service d’oncologie et d’hématologie de l’hôpital Louis-Pasteur de Chartres (Eure-et-Loir), où elle est employée en CDI. Son travail : proposer aux malades de lui confier leurs souvenirs pour en faire un recueil. Un soin à part entière, assure Frédéric Duriez, médecin et président de Passeur de mots, passeur d’histoires, l’association dont est membre Valéria Milewski et qui a jusqu’à présent accompagné 250 patients. «L’expérience nous montre que ce projet restaure les malades dans une identité au présent. Ils retrouvent une part de liberté à un moment ils sont beaucoup l’objet de soins, mais peu le sujet de choix.» Leurs proches, eux, sont unanimes sur les effets positifs de la démarche. «Pour mon mari, cela a été une bouffée d’oxygène extraordinaire, confie Christiane, qui a perdu son époux il y a huit ans. A la fin, il n’était plus dans sa maladie. Il ressentait un devoir de mémoire vis-à-vis des générations futures. Il s’est réinvesti dans cette capacité à transmettre, redevenant quelqu’un qui peut nous faire un dernier cadeau.» Aujourd’hui, l’association Passeur de mots, passeur d’histoires compte douze biographes dans quinze hôpitaux. Mais ce métier pourrait connaître un boom en 2019. La faculté de Poitiers espère créer, avec l’association, un diplôme de biographe hospitalier d’ici trois ans.