La 4DX fait de l’effet aux réalisateurs
Cinéma Qui dit nouvelle technologie, dit nouvelle manière de concevoir un film
Une course-poursuite à l’écran, et le fauteuil bouge. Le personnage du film reçoit un jet d’eau dans la figure. Des gouttes tombent sur l’audience. L’immersion, voilà la promesse faite par la technologie 4DX inventée par les Coréens de la société CJ 4Dplex. Le but, changer la manière de voir un film au cinéma, mais aussi, pourquoi pas, de le tourner. Cette technologie est encore balbutiante en France. Pourtant, elle intéresse déjà réalisateurs et producteurs. Frédéric Tellier par exemple, à qui l’on doit Sauver ou périr, actuellement en salle, s’y est très vite intéressé, même s’il ne l’utilise pas dans son film. « Le travail des réalisateurs est influencé par les outils. S’il y avait eu un parc plus important de salles 4DX, j’aurais pensé le film différemment. » Le réalisateur prend pour exemple une scène d’incendie dans son film qui, selon lui « se prêterait à des allers-retours de la caméra, des fauteuils qui tremblent et pourquoi pas des effets d’air dans le visage. » La 3D, aussi, peut avoir un impact sur la manière de tourner. C’est ce que souligne Michel Lorenzi, membre de l’association La Compagnie des réals. « Comme pour le relief, qui va privilégier les mouvements vers l’objectif, la 4DX est souvent choisie pour simplifier l’implication du spectateur. Il s’agit d’ajouter du spectaculaire à l’histoire, des sensations physiques aux effets visuels. »
Malgré l’intérêt de la profession, « dans 90 % des cas, c’est quelque chose qui est fait au stade de la postproduction », selon Martin Charron, directeur technique de la compagnie de distribution et de production The Jokers films. Ça a été le cas pour le film Detective Dee : La Légende des rois célestes, distribué par The Jokers films notamment en 4DX. « Les effets prennent la forme d’un fichier d’informations à part, qui synchronise les effets avec ce qui se passe à l’écran, précise Martin Charron. La technologie en est encore à ses débuts. Pour un réalisateur, il est difficile de prendre en compte ces éléments », surtout que la 4DX n’est pas la seule innovation en lice, avec les salles qui utilisent des effets lumineux pour favoriser l’immersion, ou les salles Screen X « qui permettent d’avoir la production du film à 270° ». « On se retrouve au milieu de la guerre des formats », constate Michel Charron. Sans parler de la question de l’argent. «Si le prix est intégré, je n’écris pas de la même façon, mais si cela doit avoir un coût supplémentaire, je n’y pense même pas », assure Frédéric Tellier. Il va donc falloir que la technologie se répande plus encore pour qu’elle ait un réel impact sur le travail de tournage.
«Le travail des réalisateurs est influencé par les outils.»
Frédéric Tellier, cinéaste