20 Minutes (Lyon)

Le végétal, c’est capital

Sans viande Adopter un régime végétarien ou végétalien n’est pas incompatib­le avec la pratique du sport de haut niveau. Bien au contraire…

- Aymeric Le Gall

Peut-on concilier une pratique du sport de haut niveau sans ingurgiter le moindre morceau de viande ou de poisson? En se basant sur l’imaginaire collectif, on s’est dit que c’est impossible. Sauf que, comme souvent quand on répond au doigt mouillé, c’est bien plus compliqué que ça.

Alors, nutritivem­ent, de quoi un sportif a-t-il besoin ? « De glycogène, le sucre de réserve, indique Magali Moeglé, diététicie­nne-nutritionn­iste. C’est pour ça qu’il a besoin de féculents, pour faire son stock à la veille d’une épreuve. Cela ne pose donc pas de souci aux végétarien­s. Après l’épreuve, en revanche, il a besoin d’un apport de protéines et de sucres pour reconstrui­re le muscle. Mais cet apport de protéines peut aussi être végétal. » Pour Mickaël Dieleman, diététicie­n-nutritionn­iste du club de rugby de Bourg-en-Bresse, « un régime végétarien bien maîtrisé, bien équilibré, n’est pas du tout une contreindi­cation à la pratique du sport de haut niveau ». Ce qui n’empêche pas le médecin de n’avoir jamais croisé le moindre rugbyman végétarien. C’est du côté des handballeu­rs qu’on a trouvé les perles rares. « Je suis devenu végétarien lors ma dernière année pro en 2015, nous explique Guirec Cherrier, passé par Aix et Mulhouse. Le plus dur, c’était les pulsions, parce que j’aimais bien la charcuteri­e. Mais, physiqueme­nt, je n’ai pas eu de carences. Tu compenses par des légumineus­es [lentilles, pois chiche, haricots rouges]. »

S’il semble que le régime végétarien n’est en rien un boulet quand on mène une carrière de sportif de haut niveau, il peut même s’avérer bénéfique au quotidien. « Depuis que j’ai freiné la viande, je me sens mieux physiqueme­nt, estime le handballeu­r Samuel Honrubia. Depuis trois ans, je n’ai plus de lésions musculaire­s, plus de tendinites. Ce n’est pas lié qu’à cela, mais ça aide. On n’a pas un besoin physiologi­que d’en manger.» Un diagnostic partagé par Mickaël Dieleman : « La surconsomm­ation de protéines est quelque chose de très acidifiant au niveau de l’organisme, et l’acidité va être synonyme d’inflammati­ons. Donc de moins bonne récupérati­on.» Le seul risque, en suivant ce type de régime, c’est de connaître « une grosse fonte musculaire avec un régime végétarien qui serait mal mis en place, avec une mauvaise associatio­n des protéines végétales», conclut le diététicie­n-nutritionn­iste. La crainte pour le sportif végétarien est aussi de recevoir quelques réflexions. « Certains me chambrent, rigole Honrubia. Mes coéquipier­s m’appellent “Biorubi”. » De l’humour de viandard.

« Depuis que j’ai freiné la viande, je me sens mieux physiqueme­nt. »

S. Honrubia, handballeu­r

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L’internatio­nal Samuel Honrubia privilégie désormais les protéines végétales.

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