A la mode, les SUV représentent un frein pour la planète
Automobile Plus lourds, ces véhicules émettent davantage de CO2
Et de trois pour les sport utility vehicles (SUV). Pour la troisième année consécutive, cette catégorie d’autos vient de remporter le titre de voiture européenne de l’année, décerné en marge du Salon international de l’automobile de Genève, qui se tient jusqu’à dimanche. Peu répandus il y a dix ans, les SUV remportent un franc succès aux Etats-Unis (plus d’un véhicule vendu sur deux). En France, «le segment est passé d’une part de marché de 9,3% en 2010 à 36,3% aujourd’hui», indique Laure de Servigny, porte-parole du Comité des constructeurs français d’automobiles. Un succès qui n’a rien de réjouissant.
La norme de demain ?
Les SUV utilisent les mêmes technologies que les berlines, le segment de voitures quatre places de taille moyenne encore dominant aujourd’hui. « Mais ils sont plus lourds, précise Florent Grelier, ingénieur mobilité à Transport & Environment, une organisation européenne. Sur les modèles mis sur le marché en 2016, il y avait entre 100 et 300 kg d’écart entre un SUV et une berline équivalente.» Or, plus un véhicule est lourd et volumineux, plus il consommera de carburant et plus il émettra de CO2 dans l’air. Et cette performance est encore plus dégradée si le véhicule est peu aérodynamique, un autre point noir des SUV. «Les SUV mis sur le marché en Europe en 2017 émettaient en moyenne 130 g de CO2 par km, selon les données compilées par l’ICCT, une ONG américaine, reprend Florent Grelier. Pour les berlines, la moyenne était comprise entre 105 g par km (pour un véhicule type Clio) à 121 g (pour un véhicule type Laguna). »
Mathieu Chassignet, ingénieur spécialisé sur les questions de mobilités durables, craint que les SUV s’imposent sur le marché, au point que des véhicules qui nous semblent imposants aujourd’hui deviennent la norme de demain. Or, pour la première fois depuis dix ans, malgré l’amélioration de la performance énergétique des moteurs, la moyenne des émissions de CO2 des véhicules neufs en 2017 a été supérieure à celle de l’année précédente : 111 g de CO2/km, contre 109 g un an plus tôt. Pierre Chasseray, délégué général de 40 Millions d’automobilistes, reste cependant convaincu que les émissions moyennes de CO2 de nos véhicules vont repartir à la baisse, même si les SUV poursuivent leur essor. Il mise notamment sur le développement des véhicules hybrides rechargeables. Cela ne change en rien la donne, selon Florent Grelier. «Même 100% électrique, le SUV, parce que plus lourd et volumineux, consommera toujours plus d’énergie et nécessitera pour sa fabrication de mobiliser plus de matières premières qu’une berline. »