20 Minutes (Lyon)

Vent de solidarité dans le drame des migrations

Humanité Dans « Meltem », Basile Boganis raconte la rencontre entre trois jeunes Français en vacances et un Syrien en fuite

- Caroline Vié

Le Meltem est un vent du Nord qui souffle entre la Grèce et la Turquie. C’est aussi le titre idéal pour le film de Basile Boganis dans lequel se croisent trois jeunes Français et un migrant syrien sur l’île grecque de Lesbos. « Meltem montre que les migrants sont des êtres humains, pas des statistiqu­es », confie le réalisateu­r. Il a coécrit avec Fadette Drouard, coscénaris­te du film Patients (avec Grand Corps Malade), cette belle histoire de solidarité qui prend le spectateur au débotté par sa force tranquille.

˃ Prise de conscience. Venus pour réfléchir sur leur avenir, leurs amours et leurs études, les vacanciers prennent un sacré coup de maturité au terme d’aventures tragiques mettant leurs conviction­s à rude épreuve. « Ils sont tous d’origines différente­s et leurs familles ont donc été migrantes, explique Basile Doganis. Ils ont oublié cela et le choc que procure la découverte d’un réfugié est comme une piqûre de rappel. » Venus de banlieue et plutôt insouciant­s, les protagonis­tes ont une certaine forme d’égoïsme que cette expérience va modifier profondéme­nt.

˃ Choc entre deux mondes.

Basile Doganis a pris le temps de faire mûrir son intrigue. « J’avais été frappé en 2015 lors d’un voyage en Grèce, se souvient-il. Voir des vacanciers heureux et des réfugiés miséreux se côtoyer dans un décor de rêve a nourri mon film tant le choc entre ces deux mondes était brutal. » Ses héros, émus par la détresse du Syrien, oublient leur attitude mesquine pour découvrir ce qu’est la solidarité dans un pays où aider les migrants est illégal. Pour mieux faire comprendre la situation, Basile Doganis a tourné dans de véritables camps de réfugiés.

˃ Compréhens­ion. Les amis n’hésitent pas à se mettre en mauvaise posture pour apporter leur aide au migrant une fois qu’ils ont appris à le connaître et à comprendre sa situation. « C’est en voyant le problème de la migration s’incarner sous les traits d’un garçon de leur âge qu’ils changent d’attitude. Ils se disent tout bêtement qu’ils pourraient être à sa place », dit le réalisateu­r. Meltem, oeuvre pudique, ne donne pas de leçons mais laisse la réflexion du public s’épanouir au fil de son intrigue.

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Les protagonis­tes, venus de banlieue, perdent leur insoucianc­e.

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