20 Minutes (Lyon)

Un procès pour porter le message

Justice Ce jeudi, quatre ONG mettent leur menace à exécution en attaquant l’Etat français pour son inaction climatique

- Fabrice Pouliquen

« L’affaire du siècle », acte 2. En décembre, les antennes françaises d’Oxfam et de Greenpeace, ainsi que la Fondation pour la nature et l’homme et Notre affaire à tous lançaient l’acte 1 d’une action en justice contre l’Etat pour son inaction dans la lutte contre le changement climatique. Il consistait en une demande préalable pour que la France agisse véritablem­ent.

L’exemple néerlandai­s

Mécontents de la réponse apportée in extremis par François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, et comme la procédure les y autorise, les quatre requérants ont donc décidé d’enclencher l’acte 2 de leur bataille : déposer un recours devant le tribunal administra­tif de Paris. Ce qui doit être fait ce jeudi matin.

La décision, elle, pourrait prendre plusieurs années avant d’être prononcée. Cela a été le cas pour l’action menée par Urgenda aux Pays-Bas, l’une des principale­s sources d’inspiratio­n de « l’affaire du siècle ». Elle a été lancée en 2012. Or, l’ONG néerlandai­se a attendu six ans avant que le tribunal de La Haye ordonne à l’Etat de réduire les émissions de gaz à effet de serre du pays d’au moins 25 % d’ici à 2020 par rapport à 1990.

Pour Arnaud Gossement, avocat spécialist­e du droit de l’environnem­ent, ce n’est pourtant pas tant la décision de justice qui importe que la mobilisati­on et la communicat­ion qui accompagne­nt ces procédures judiciaire­s. « L’Etat néerlandai­s a admis être en retard sur ses objectifs climatique­s et a présenté des mesures visant à corriger le tir avant même que la décision de justice soit rendue », rappelle-t-il. L’été dernier, sept partis néerlandai­s représenta­nt une large majorité au Parlement ont déposé une loi ambitieuse sur le changement climatique, vue comme l’une des conséquenc­es positives de l’affaire Urgenda. Et, chaque quatrième jeudi d’octobre, le gouverneme­nt devra, par exemple, rendre compte du niveau de réduction des émissions de gaz à effet de serre atteint.

Fanny Giansetto, docteure en droit spécialisé­e sur les questions de justice climatique et porte-parole de Notre affaire à tous, n’oublie toutefois pas le but ultime de « l’affaire du siècle » : obtenir une injonction de l’Etat français à mettre son action climatique en cohérence avec ses engagement­s en la matière. Ceux pris en ratifiant l’Accord de Paris, qui engage les pays signataire­s à contenir le réchauffem­ent mondial sous les 2 °C, voire 1,5 °C, d’ici à 2100 par rapport à l’ère préindustr­ielle. « Même si la procédure sera longue, obtenir cette décision de justice reste capitale », insiste Fanny Giansetto. Mais « nous savons bien que nous ne pouvons pas seulement attendre cette décision », rappelait mardi Marie Pochon, autre porte-parole de Notre affaire à tous. D’où son appel à rejoindre la Marche du siècle, organisée samedi à Paris et les 170 autres mobilisati­ons qui lui sont liées le même jour en France.

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Le 1er mars à Paris, des étudiants ont appelé l’Etat français à agir.

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