«On a tout basé sur la vitesse»
Rugby L’entraîneur de l’équipe de France des moins de 20 ans, David Darricarrère, explique qu’un jeu moins rentre-dedans est possible
Alors que l’équipe de France peine à trouver son identité de jeu, 20 Minutes a décidé de conclure sa série sur la violence dans le rugby par une note d’espoir. Et si la génération de Romain Ntamack ou Demba Bamba – tous deux déjà passés avec la grande équipe de France, adversaire samedi de l’Italie – apportait la révolution dont ce sport a besoin en France ? Pour répondre à cette question, on a interrogé le sélectionneur de cette équipe, David Darricarrère.
Sur quel terreau l’équipe de France des moins de 20 ans a-t-elle bâti son titre mondial ?
Déjà, ce sont des garçons d’une grande qualité technique et physique, c’est le premier point. C‘est aussi une génération de passionnés, ils aiment viscéralement ce sport, et font tous les efforts sur le terrain et en dehors pour que tout se passe bien. Ensuite, évidemment, cette équipe-là s’est formée dans les ex-pôles espoirs : ils se connaissaient tous par coeur, s’entendaient très bien et avaient passé beaucoup de temps ensemble.
Et du point de vue du jeu ?
On avait basé notre projet sur la vitesse. Que ce soit la vitesse de déplacement, de réaction, d’exécution. On a travaillé énormément techniquement sur la vitesse du ballon, sur la vitesse de jeu sans ballon. Les joueurs ont complètement adhéré à ce projet.
Dans le débat actuel sur le jeu trop violent, trop stéréotypé, rentrededans, vous êtes la preuve qu’on peut produire autre chose…
Il faut évidemment trouver un équilibre, mais ce fil conducteur-là [la vitesse] nous paraît indispensable pour le rugby de haut niveau. C’est un point sur lequel on est tombés d’accord très vite à l’intérieur du staff et on a basé tout notre travail technique et physique sur ce thème-là. C’est déjà le rugby d’aujourd’hui. Les Néo-Zélandais, ils font tout plus vite et ils font tout très bien. C’est vers ça qu’il faut tendre, je pense, et bien sûr qu’on sait le faire. Le vivier est là et d’autres générations arrivent derrière.
La génération championne du monde que vous avez eue est-elle arrivée avec des dispositions particulières ou vous vous êtes dit : « Changeons leurs habitudes tant qu’ils sont encore modelables » ?
Ces gamins-là ont suivi une formation qui leur a permis de jouer ce type de rugby. Mais il faut vouloir le faire. Il y a une grande réflexion à mener : quel jeu et avec quels joueurs ? C’est une question importante à se poser au niveau de la formation. Je pense que ça doit se passer bien avant qu’ils aient 20 ans. Dès l’école de rugby, sur les modèles d’entraînement, il faut tendre vers plus de précision technique et de réponses rapides aux situations.