20 Minutes (Lyon)

Nantes se souvient de la disparitio­n d’Emiliano Sala

Football Retour sur les premières heures suivant la disparitio­n de Sala, il y a un an

- A Nantes, David Phelippeau

Cela faisait deux heures que l’on cherchait à certifier une informatio­n qui n’était au départ qu’un mauvais pressentim­ent, après que France Bleu Loire Océan, avait évoqué, le 22 janvier 2019 à 6 h, la disparitio­n d’un petit avion reliant Nantes à Cardiff (pays de Galles). A 9 h 04, la confirmati­on est venue d’un SMS que Franck Kita, le directeur général du FC Nantes, nous a adressé : « Emiliano [Sala] est bien dans l’avion. (…) Mon père [Waldemar, le président du club] pleure.» A 9h08, une source à l’aéroport confirme que l’Argentin, qui venait d’être transféré de Nantes à Cardiff, est monté à bord de l’avion.

A la Jonelière, le centre d’entraîneme­nt du club nantais, personne n’est encore au courant. Mais Nicolas Pallois, ami proche de l’attaquant, s’inquiète, alors que Sala était censé lui envoyer un message à son arrivée à Cardiff. Le monde s’écroule après que le défenseur et l’ensemble du club apprennent la nouvelle, au petit-déjeuner. Vahid Halilhodzi­c, coach de l’époque, pleure seul dans son bureau. L’effectif se retrouve de manière naturelle dans la salle d’échauffeme­nt qui jouxte les vestiaires, l’endroit où, la veille, Sala s’était pris en photo avec ses ex-partenaire­s. Un salarié garde l’image du grand gaillard Diego Carlos « dévasté, inconsolab­le ». Le silence est assourdiss­ant, l’ambiance, lourde. Beaucoup consultent leur téléphone à l’affût de la moindre informatio­n. Certains veulent garder espoir et croient au miracle, d’autres ne se font plus guère d’illusions.

Puis, vers 13 h, un ballet incessant de voitures de joueurs commence. Les cylindrées quittent pour la plupart la

Jonelière en trombe, sans un regard pour la quinzaine de journalist­es présents. Les mots n’auraient pas de sens dans ce moment tragique, estiment-ils sans doute. Ceux d’Emiliano résonnent en revanche dans la tête de beaucoup de gens qu’il avait croisés la veille. « Vous vous rendez compte, dans quelques jours, je vais jouer contre Arsenal », se réjouissai­t l’attaquant.

Alors que le club tente d’encaisser le choc, un hommage à Sala prend forme sur les réseaux sociaux. L’associatio­n A la nantaise est à la manoeuvre. « Quelqu’un de chez nous a dit qu’il fallait qu’on se rassemble et qu’on fasse un truc public, se souvient Jean-Pierre Clavier, administra­teur de l’associatio­n. Il y avait un lieu symbolique de la ville qui s’imposait : la place Royale. » Le rendez-vous est pris pour 18 h 30 sur la place du centre-ville, d’ordinaire réservée à la célébratio­n des titres. Plus d’un millier de personnes répondent à l’appel. C’est d’ailleurs sur la place Royale que le chant en hommage à Emiliano Sala a résonné pour la première fois. Il est désormais repris à la neuvième minute de chaque match des Canaris. Pour que le peuple nantais n’oublie jamais.

«Il fallait qu’on se rassemble et qu’on fasse un truc public.»

Jean-Pierre Clavier,

associatio­n A la nantaise

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Au centre d’entraîneme­nt, les supporteur­s avaient rendu hommage à Sala.

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