20 Minutes (Lyon)

Une bagagerie qui décharge les SDF

Solidarité Depuis son ouverture en juin 2018, Bagage’Rue permet aux sans-abri de déposer leurs affaires en toute sécurité

- Lancelot Mésonier

L’aventure Bagage’Rue a commencé en juin 2018 à Lyon. L’objectif était simple : proposer un service de bagagerie dans un lieu de confiance pour les sans-abri. «Dormir dehors en ayant peur pour ses affaires, c’est un peu la double peine », explique Lucille Marcelin, coordinatr­ice salariée de l’associatio­n. Elle a été l’une des initiatric­es de ce projet auquel Bagage’Rue a toujours voulu faire participer les premiers intéressés. « On a créé ce lieu pour les sansabri mais surtout avec eux», dit-elle. Une démarche participat­ive qui ne s’arrête pas au simple fait de venir déposer sa valise. Chaque personne qui pousse la porte de Bagage’Rue devient, de fait, adhérente et peut s’impliquer dans la vie de la bagagerie. « C’est une manière de les impliquer, qu’ils se sentent utiles, de casser le rapport aidant / aidé», souligne la coordinatr­ice.

En 2019, 274 « bagageurs » ont déposé leurs affaires. En moyenne, il y a en permanence 200 bagages stockés dans les locaux devenus, désormais, trop étroits. Pour Lucille Marcelin, « cela prouve que c’est un réel besoin, mais aussi qu’il en faudrait plus dans la métropole ». En effet, Bagage’Rue est la seule associatio­n qui propose ce service pour les plus de 3000 sans-abri lyonnais.

Se vider la tête

L’associatio­n ne se substitue pas aux structures sociales existantes. «Les sans-abri ont aussi besoin d’un endroit où ils pensent à autre chose », renchérit la coordinatr­ice. Le temps des permanence­s, qui ont lieu quatre jours par semaine, matins et soirs, les bagageurs peuvent se vider la tête. Sekou est un utilisateu­r de la bagagerie. Ce grand jeune homme toujours souriant apprécie les parenthèse­s qu’il passe ici : « Je viens prendre un café, discuter. Je sais que mes affaires sont en sécurité. Je viens aussi profiter du wifi et recharger mon téléphone », rigole-t-il. Lui aussi fait partie de ces bagageurs devenus des bénévoles actifs. Mourad également. Il vient déposer ses affaires depuis deux mois et il insiste sur l’importance d’un endroit comme celui-ci. « Cela nous enlève vraiment un poids. Je n’ai pas à trimballer mes affaires partout, comme quand je vais au travail», confie l’homme.

Sur les 274 bagageurs, 39 seulement sont des femmes. Pour Lucille Marcelin, cela peut s’expliquer par le fait qu’elles «se cachent plus que les hommes ». « Il est plus difficile pour les femmes d’assumer ouvertemen­t leurs difficulté­s», estime-t-elle. Le sentiment d’insécurité qui domine face à une majorité d’hommes explique sans doute aussi leur faible présence. «Ce n’est pas toujours évident pour elles de venir à la bagagerie qui est souvent remplie d’hommes», ajoute-t-elle. Pour répondre à ces problémati­ques, Bagage’Rue cherche à élargir le nombre de permanence­s par semaine, et réfléchit à ouvrir des créneaux réservés aux femmes. Pour ce faire, l’associatio­n recherche des bénévoles.

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En 2019, 274 «bagageurs» ont été accueillis par la structure.

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