20 Minutes (Lyon)

Ce XV mérite un grand j’l’aime

Vainqueurs du pays de Galles (23-27) samedi, les Bleus ont prouvé qu’ils étaient dignes d’être aimés

- Bertrand Volpilhac

Ce serait mentir que de dire qu’on n’avait pas vu poindre, au milieu d’une Coupe de monde tronquée par un typhon et un coup de coude, le début de quelque chose. Merde, une équipe de France qui joue au rugby et qui semble même y prendre du plaisir, on n’y était pas tout à fait prêts. Heureuseme­nt que l’histoire nippone n’est pas allée trop loin, voilà qui nous a évité une belle hydrocutio­n et donné le temps de nous préparer à ce qui est devenu, samedi sur la pelouse de Cardiff, une réalité : le XV de France est redevenu une équipe qu’on a le droit d’aimer.

«Les gens vibrent»

Ce n’est pas une enflammade, mais le Grand Chelem est désormais grand ouvert pour nos Bleus dans ce VI Nations. Dix ans – et une éternité de ballons tombés – après le dernier. «Parler de renaissanc­e, c’est péjoratif par rapport aux génération­s précédente­s, tempère à peine le manageur des Bleus, Raphaël Ibanez. Ce qui est certain, c’est que cette jeune équipe a envie de vivre les choses. Il y a de la maîtrise parce que l’on s’entraîne très dur, mais de l’insoucianc­e aussi. Le match de samedi a effacé dix années de frustratio­ns collective­s. Et puis les gens vibrent avec cette équipe et ont le droit d’avoir envie.» C’est tellement vrai que ça en fait peur. Samedi, on s’est surpris à couiner sur les percées de Dupont, à défendre comme un seizième homme notre ligne d’en-but, à pourrir l’arbitre dès qu’un Gallois ne se sortait pas d’un ruck, à s’imaginer en train d’en coller une (virtuelle, on s’entend) au « 6 rouge » quand il s’en est pris à notre pépite Romain Ntamack. Douée, mais surtout courageuse, cette génération a gagné l’estime et le soutien d’un pays, qui, il faut le bien le dire, l’avait un peu abandonnée. «Le nombre de Français qui étaient là pour nous soutenir, c’était incroyable, s’est enthousias­mé l’ailier Teddy Thomas. A un moment, on entendait uniquement des sons français. Ça fait vraiment chaud au coeur donc, bien sûr, c’est une des plus belles victoires que j’ai vécues avec le XV de France.»

Dire qu’il y a à peine plus d’un an, les Bleus s’inclinaien­t dans un Stade de France à moitié vide contre les Fidji… Inutile de préciser qu’il sera plein, dans trois semaines, pour la finale attendue contre l’Irlande. L’occasion de définitive­ment reconquéri­r les coeurs.

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Le bulldozer Paul Willemse, heureux.

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