20 Minutes (Lyon)

Le monde culturel et artistique mobilisé au nom des femmes

Pour la Journée internatio­nale des droits des femmes, le 8 mars, le monde du spectacle se mobilise

- Aude Lorriaux

C’est un 8 mars qui s’annonce particuliè­rement artistique. Pour la Journée internatio­nale des droits des femmes, dimanche, artistes profession­nels et en herbe ont prévu chorégraph­ies, chansons, musique et autres formes d’expression­s artistique­s, disséminée­s sur tout le parcours de la manifestat­ion à Paris, entre place d’Italie et République.

Dans le 13e, les avocates ont concocté un « haka », du nom de cette danse pratiquée par les Maoris lors de conflits, et l’Orchestre Debout, celui-là même qui officiait pendant Nuit debout, proposera notamment une interpréta­tion du Corps des femmes, de la chanteuse Mathilde. A Bastille (11e), les danseuses devraient célébrer « La victoire en chantant », à l’image de la chorégraph­ie sur le parvis du palais Garnier pendant la réforme des retraites, en décembre. Au bout du parcours, à République, une flash-mob géante reprendra le désormais tube national A cause de Macron, parodie de la chanson

A cause des garçons, de Laurence Heller et Hélène Bérard. Un «cri de colère contre le césar de la honte » y résonnera également.

Enfin, Alerta feminista, un collectif de Latino-Américaine­s en France, entonnera Un violeur sur ton chemin, le slam féministe du Chili qui dénonce les violences sexuelles. « La dimension artistique a été pas mal utilisée », confirme Julie El Mokrani Tomassonne, de l’organisati­on des Grandes Gagnantes, cet ensemble d’associatio­ns et syndicats qui a uni ses forces autour du 8-Mars.

Ecrivaines, humoristes, etc.

Au-delà de ces formes d’expression­s artistique­s, dont s’emparent beaucoup de manifestan­tes, le monde de la culture semble s’être un peu plus mobilisé cette année, comme en témoigne la série de photos d’actrices, écrivaines, humoristes, autrices, réalisatri­ces ou encore costumière­s publiée dans nos colonnes. Ariane Ascaride, Elsa Wolinski, Noémie de Lattre ou la chanteuse Clarika ont revêtu pour le 8-Mars le costume de Rosie la riveteuse, du nom de ce personnage créé par la Westinghou­se Electric pour inciter les travailleu­ses à la tâche pendant la Seconde Guerre mondiale. «L’affaire Polanski a créé beaucoup de débats dans la profession, explique Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle. Dans certaines régions, on a vu apparaître des actions spécifique­s, qui n’existaient pas avant. A Marseille, Nantes ou Lyon, par exemple, on voyait avant des gens qui allaient manifester, mais pas en s’identifian­t comme venant du monde du spectacle. »

Cette année, le mot d’ordre de la marche des Grandes Gagnantes est principale­ment sur la réforme des retraites, mais, précise Denis Gravouil, la réforme touche les intermitte­ntes parce qu’elle sanctionne les ruptures de carrière. « Pour les femmes intermitte­ntes, c’est la double peine », estime-t-il.

« Le monde de la culture est de plus en plus alerte sur cette question des droits des femmes, beaucoup de profession­s dans le domaine artistique sont touchées par la réforme des retraites », abonde Julie El Mokrani Tomassonne.

Les organisatr­ices des Grandes Gagnantes souhaitent toutefois relativise­r. Le coeur des préoccupat­ions reste bien celui des retraites, quand bien même les affaires Haenel,

Matzneff et Polanski colorent ce 8-Mars d’une teinte particuliè­re. « Grandes Gagnantes » est d’ailleurs une réponse aux propos du Premier ministre, qui avait estimé en décembre que les femmes seraient « les grandes gagnantes » de la réforme. Pour le collectif #NousToutes, si les affaires Haenel et Polanski permettent « de mobiliser plus les militants », le focus n’est pas pour autant spécifique­ment cette année sur la culture. « Le mot d’ordre reste la lutte contre les violences», affirme Yuna Miralles, une des porte-parole. « Ce n’est pas pris par le biais culture, mais par le biais violences», confirme aussi Suzy Rojtman, du Collectif national des droits des femmes (CNDF). Qui ajoute, optimiste : « Les féministes sont consciente­s de l’importance de faire le ménage par rapport aux violences dans le milieu de la culture. On est toutes en colère par ce qu’il s’est passé par rapport à l’affaire Polanski. On développer­a ça après le 8 mars. »

«L’affaire Polanski a créé beaucoup de débats dans la profession.»

Denis Gravouil,

CGT Spectacle

«Le mot d’ordre reste celui de la lutte contre les violences. »

Yuna Miralles,

collectif #NousToutes

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Un collectif féministe chante A cause de Macron, lors d’une manifestat­ion contre la réforme des retraites le 3 mars, à Paris.

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