La sensation Doucet
La tête de liste d’une coalition réunissant EELV et d’autres partis de gauche a revendiqué une victoire «historique» à la mairie de Lyon, dimanche soir.
« S’il y a une poussée [verte], hop, on revient dans six ans et on reprend tout. » Une punchline qui en dit long, comme un aveu d’impuissance. Il est 19 h 30 dimanche soir, dans les bureaux de l’hôtel de ville de Lyon. Hilare devant les caméras de télévision, Gérard Collomb, le maire sortant, semble accepter l’inéluctable avant même que les urnes ne livrent officiellement leur verdict, lors de ce second tour des élections municipales. Les premières remontées des bureaux de vote ne laissent déjà aucune ambiguïté. L’élu, qui a dirigé la ville pendant dix-neuf ans, le sait : une page se tourne. Dimanche soir, l’écologiste Grégory Doucet a écrasé ses adversaires pour remporter la mairie de Lyon, à la faveur d’une abstention record (62%). Il s’impose avec plus de 52% des suffrages exprimés, très loin devant Yann Cucherat, le poulain de Gérard Collomb, qui bénéficiait du soutien de la droite, annoncé autour de 29,7 %. Et très loin de Georges Képénékian, sans étiquette, maire de Lyon, qui récolterait 17,7 % des voix.
C’est «le plus grand défi de toute l’histoire à relever.»
Grégory Doucet, nouveau maire de Lyon
Encore inconnu du paysage politique lyonnais, il y a encore six mois, Grégory Doucet, cadre dans l’humanitaire et salarié au sein de l’ONG Handicap international, a su séduire les électeurs. A 46 ans, il devient le premier écologiste à diriger la ville, et se paie le luxe d’améliorer très largement son score du premier tour. L’élu, qui a depuis fait alliance avec le parti socialiste et les listes France insoumise, était déjà arrivé en pôle position le 15 mars avec un score de 28,5 %. « Lyon est redevenue terrestre », a déclaré le nouveau maire devant ses militants, évoquant « un moment historique » et «le plus grand défi de toute l’histoire à relever ».
« Partout en France, on entend qu’il est temps que le temps de l’écologie arrive. A Lyon, il est venu », annonce-t-il.
Et de préciser pour les plus sceptiques : « L’écologie n’est pas l’ennemie de l’économie. Elle est sa meilleure alliée. Elle le sera dans le temps de la relance économique et dans les temps après. » Enfin, Grégory Doucet a promis d’être « le maire qui redonnera le pouvoir aux habitants, le maire qui ancrera les femmes dans la parité, le maire des initiatives citoyennes, le maire qui écoute et délègue». Un signe que la page Gérard Collomb est désormais définitivement tournée à Lyon.