Les événements se multiplient pour sauver la saison
Course La saison tronquée d’ultra-trail est actuellement marquée par un nombre record de projets « off » mis en place durant le confinement
«Xavier Thévenard n’allait pas rester les fesses sur son canapé pendant tout l’été. » Face à la crise sanitaire du Covid-19, Thomas Michaud, manageur du triple vainqueur de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc, s’est mis, avec l’intéressé, en quête d’un challenge « off » pour compenser une saison chamboulée comme jamais. Cela pousse les coureurs à sortir encore plus des sentiers battus. Pas un jour ne passe sans qu’on ne découvre François D’Haene en train de se régaler sur la Grande Traversée Salomon en relais entre l’Alsace et Nice (1 000 km et 41 600 m de dénivelé positif) ou Xavier Thévenard aller au bout de lui-même pour tenter, en vain, de conquérir le record du GR20 en Corse (180 km et 14 000 m de D +).
« Même si le dépassement de soi est supérieur dans les courses, la notion de plaisir partagé compense largement ça dans un “off”, estime l’ultra-traileur Martin Kern, recordman depuis dimanche sur le GR5 entre Chamonix et Briançon, aux côtés de Grégoire Curmer et Baptiste Robin. C’est un peu le Graal pour tout traileur de pouvoir mettre ainsi sa patte sur un tel projet. »
Guillaume Arthus
Un sentiment partagé par Guillaume Arthus : comptable en région parisienne, ce trentenaire trouve peu de courses en phase avec ses envies de très longue distance. « Ces projets “off” sont clairement l’avenir de ce sport, explique-t-il. Le confinement a eu pour effet de donner envie aux gens de tester leurs limites sans passer par une organisation de course. C’est beaucoup plus gratifiant de boucler son propre projet qu’une course.» Pendant cinq ans, cet athlète sponsorisé par Adidas a préparé le challenge d’une vie, la Via Alpina (2 650 km et 150 000 m de D +) entre la Slovénie et Monaco, conclu en 2019.
« Le record était de 60 jours et j’en ai mis 44, indique Guillaume Arthus. J’ai croisé bien plus de bouquetins que d’hommes durant cette aventure et c’est ce que je recherchais : être seul en pleine nature. » Les leviers de plaisir sont nombreux sur cette formule, entre l’adrénaline de battre un record, le partage «d’une aventure humaine » ou donc la quête d’une évasion totale. Mais les coureurs élite sponsorisés auront-ils la liberté de lancer de nouveaux projets « off » une fois les grandes courses revenues ? «Les marques veulent avant tout de la visibilité sur des événements forts, reconnaît Thomas Michaud. Elles n’obligent jamais Xavier Thévenard à prendre part à des courses, mais ça leur va très bien lorsqu’il s’engage sur la Hardrock 100 et sur l’UTMB. Sans Covid-19, il n’y aurait à coup sûr pas eu cette tentative de record du GR20 cette saison. »
« J’ai croisé plus de bouquetins que d’hommes durant cette aventure »