20 Minutes (Lyon)

L’attente de la mort décrite par les otages des frères Kouachi

Michel Catalano et Lilian ont été les derniers à faire face aux frères Kouachi

- Hélène Sergent

Jusqu’au matin du 9 janvier 2015, Lilian et Michel étaient collègues. Le plus jeune, graphiste, était employé par le second, patron d’une imprimerie à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne). Cinq ans après avoir croisé la route des terroriste­s de Charlie Hebdo, ils ont été auditionné­s mercredi par la cour d’assises spéciale de Paris.

Ce 9 janvier, peu avant 9 h, Michel Catalano et Lilian sont interrompu­s par l’arrivée des frères Kouachi, armés et déterminés à se retrancher dans l’entreprise. «Je me retourne vers Lilian sans courir, sans paniquer, je le regarde, je lui dis : “Ce sont eux, ils sont ici”, raconte le patron de l’imprimerie. Il voit dans mes yeux que c’est vrai, il voit la peur de mourir, comme je vois la peur dans les siens.» Un dernier regard entre les hommes, suivi de cet ordre de Michel : « Cache-toi et éteins ton portable.» Lilian se réfugie dans une pièce qui sert de réfectoire. Sur l’écran de la salle d’audience apparaît la photograph­ie du meuble minuscule dans lequel le graphiste est resté cloîtré pendant huit heures, jusqu’à l’assaut final du GIGN, apparaît. Dans une pièce adjacente, Michel Catalano propose un café aux frères Kouachi : «J’ai pris toute la force que j’avais en moi pour rester le plus calme possible, pour pas les énerver, et surtout pour pas qu’ils trouvent Lilian.»

Lors de l’arrivée de deux gendarmes, les terroriste­s attaquent ces derniers. Chérif Kouachi est grièvement touché par balle à la gorge. Persuadé qu’il va mourir, Michel Catalano demande s’il peut s’en aller. Saïd Kouachi accepte. «Je suis descendu calmement, j’ai pensé à Lilian», se souvient Michel.

«Michel, c’est mon héros»

À 16h50, les gendarmes lancent l’assaut. Lilian tient bon sous les déflagrati­ons, avant d’être évacué une fois confirmée la mort des terroriste­s. « Lilian, c’est quelqu’un de formidable, raconte Michel. Je regrette qu’il ait été obligé de subir, à son âge, ce qu’il a subi. » Lilian balaie ces regrets : « Il est allé au-devant de personnes armées qui avaient déjà tué beaucoup de monde. Michel, c’est mon héros, c’est celui qui m’a sauvé la vie.»

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Michel Catalano, mercredi, au tribunal judiciaire de Paris.

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