« Mangez-le si vous voulez» adapté et adopté par Teulé
Bande dessinée L’écrivain Jean Teulé commente l’adaptation de son très sombre roman, «Mangez-le si vous voulez»
C’est l’un des romans les plus noirs de Jean Teulé (photo), écrivain très populaire et souvent adapté en bande dessinée. En attendant deux prochaines sorties*, Mangez-le si vous voulez (Delcourt) est adaptée d’un livre initialement paru en 2009. L’histoire revient sur le drame avéré dont fut victime à l’été 1870, alors que les Prussiens infligeaient de lourdes défaites au Second Empire, un jeune notable de Dordogne : au motif que la foule était persuadée qu’il avait prononcé la phrase « à bas la France », il fut lynché avec une barbarie invraisemblable. La magnifique mise en images de ce dramatique récit par Dominique Gelli a impressionné Jean Teulé, luimême ancien auteur de BD.
Qu’est-ce qui vous a le plus séduit dans ce que Dominique Gelli a fait de votre roman ?
Son audace formelle ! Le fait qu’il ait adopté un noir et blanc seulement rehaussé de rouge (pour le sang) m’a carrément scotché, j’ai trouvé l’idée brillante. D’autant qu’il ne s’est pas dégonflé, qu’il est allé au bout du bout en tirant d’un roman déjà très dur une des BD les plus violentes que j’aie jamais lues.
Il s’est aussi permis quelques libertés, non ?
Très peu, mais il a bien fait : par moments, son adaptation bascule dans une sorte d’onirisme très à propos, et qui ne figurait pas dans le livre. Dominique Gelli est typiquement le genre d’auteur qui apporte un vrai plus à une oeuvre. J’ai d’ailleurs été tellement emballé que je lui ai aussi proposé d’enchaîner en adaptant en bande dessinée Crénom, Baudelaire qui n’est même pas encore sorti ! Il a accepté et est en train de travailler à son découpage.
Quelles autres adaptations de vos livres avez-vous le plus appréciées ?
Je les apprécie toutes, et je ne dis pas ça par politesse. J’adore lorsqu’un de mes romans devient une bande dessinée. D’abord parce que ça me plaît de voir mes univers passer dans des mains différentes. Ensuite parce que je suis très heureux de revenir à la BD – que j’ai abandonnée en 1990 – par l’entremise de ces adaptations graphiques.
Finalement, qu’est-ce qu’une adaptation dessinée peut apporter à une oeuvre romanesque ?
Ça permet déjà de toucher un autre public, celui des lecteurs de bande dessinée qui ne lisent pas de roman. Et puis ce qui me plaît bien, c’est que, à part Philippe Bertrand [aujourd’hui disparu], tous les auteurs de bande dessinée qui s’emparent de mes romans sont plus jeunes que moi. Je suis déjà très fier et honoré, et super content qu’il s’agisse essentiellement de gamins [rires].
* Deux autres adaptations en BD de romans de Jean Teulé sortiront prochainement : Fleur de tonnerre (éd. Futuropolis, le 7 octobre) et O Verlaine (éd. Steinkis, le 19 novembre).