Flop cheffe
Les femmes sont très peu nombreuses à diriger un orchestre symphonique en France. Des initiatives sont lancées pour changer la donne.
Les cheffes d’orchestre sont rarissimes. En France, 4 %, selon les chiffres de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques. On dénombre une seule femme cheffe d’un des trente orchestres permanents, et ce, depuis… le 1er septembre 2020. Il s’agit de Debora Waldman, tout juste nommée à la tête d’Avignon. Au niveau mondial, seulement 48 orchestres symphoniques permanents sur 778 sont dirigés par des femmes (soit 6 %).
Sexisme biologisant
C’est pour changer cette réalité que la Philharmonie et le Paris Mozart Orchestra lancent La Maestra*, un concours qui se déroule jusqu’à vendredi, avec pour objectif de faire connaître des femmes cheffes d’orchestre et d’accompagner les trois meilleures candidates vers les plus hauts sommets. « Il ne s’agit pas d’éliminer des hommes, mais de donner une place aux femmes qui ont du talent », veut rassurer Claire Gibault, à la tête du Paris Mozart Orchestra, qui a eu cette idée en 2018, après avoir été membre du jury d’un concours international de direction d’orchestre. Un chef lui explique alors que son médecin lui aurait affirmé « que les femmes ne peuvent pas être cheffes d’orchestre » pour des raisons « biologiques » : « Il m’a dit qu’elles avaient les bras tournés vers l’avant, pour tenir les bébés dans leurs bras. » Pourquoi ce sexisme perdure-t-il ? « Ce sont des hommes qui sont à la tête des grandes institutions musicales, et donc ils engagent plus d’hommes que de femmes », explique Claire Gibault, également autrice de La Musique à mains nues (éd. L’Iconoclaste).
Chef d’orchestre, c’est aussi symboliquement la position d’autorité par excellence. « Il y a une forme de mise en scène du pouvoir avec cette fantasmagorie des femmes qui dirigent à la baguette, d’autant qu’elles dirigent un corps social, l’orchestre, explique Hyacinthe Ravet, qui a écrit L’Orchestre au travail, Interactions, négociations, coopérations (éd. Vrin). Il faut construire des vocations, et c’est un processus au long cours. » * Concert final vendredi à 19 h 30. Tarif : 12 €. Réservations : 01 44 84 44 84 ou sur philharmoniedeparis.fr. Diffusion en ligne sur Arte.tv.