Pierre-Alain Mannoni rejugé
Justice L’enseignant niçois comparait ce mercredi à Lyon pour avoir fait entrer en France des étrangères en situation irrégulière
Il avait été interpellé en octobre 2016 au péage de La Turbie (Alpes-Maritimes), juste après avoir franchi la frontière entre l’Italie et la France. Dans son véhicule, il transportait trois Erythréennes en situation irrégulière. Poursuivi pour « aide à l’entrée et au séjour irrégulier d’étrangers», Pierre-Alain Mannoni a toujours revendiqué le droit à la solidarité. Relaxé à Nice en janvier 2017, il avait ensuite été condamné en appel à Aix-en-Provence quelques mois plus tard.
La loi a changé
Ce mercredi, cet enseignant-chercheur se présentera confiant devant la cour d’appel de Lyon. Pour son troisième procès dans cette affaire, le Niçois disposera d’un nouvel argument de poids : le 3e alinéa de l’article L622-4 du code de l’entrée et du séjour des étrangers. Un texte modifié suite à une décision du conseil constitutionnel, saisit notamment par Pierre-Alain Mannoni et Cédric Herrou, qui consacre désormais un « principe de fraternité ». « Une aide désintéressée aux migrants, qu’elle soit individuelle ou militante et organisée, ne doit pas être poursuivie», avait tranché le Conseil constitutionnel. Le nouvel alinéa qui découle de cette décision prévoit que « ne peut donner lieu à des poursuites pénales […] l’aide au séjour irrégulier d’un étranger […] lorsque l’acte reproché était, face à un danger actuel ou imminent, nécessaire à la sauvegarde de la vie ou de l’intégrité physique de l’étranger ».
« Nous devrons démontrer que PierreAlain Mannoni a respecté une obligation naturelle, en l’occurrence apporter secours à personnes blessées, qui en avaient besoin, et sans aucune contrepartie», explique son avocate, Me Maeva Binimelis.
Ce 18 octobre 2016, Pierre-Alain Mannoni s’était rendu «par curiosité» dans un ancien centre de vacances de la SNCF désaffecté, à Saint-Dalmas-de-Tende dans la vallée de la Roya, que des militants humanitaires avaient transformé en lieu d’accueil pour migrants. Il y avait rencontré les trois jeunes Erythréennes dans ce bâtiment sans chauffage. «Elles étaient blessées, avaient besoin de soins, ce que mon client était en mesure de leur apporter de par sa formation de secouriste », justifie son avocate. En mai, Cédric Herrou avait été relaxé par la même cour dans une affaire similaire. Le parquet a fait appel de cette décision.