20 Minutes (Lyon)

Dans les cours de récré, on la joue « non genré »

Education La nouvelle mairie écologiste de Lyon veut réaménager les cours de récréation afin qu’elles soient «non genrées»

- Jérémy Laugier

« Est-ce qu’à partir d’aujourd’hui, vous vous engagez à jouer au football avec les filles, en étant mélangés à la récréation?» Dans le documentai­re Les Joueuses, sorti le mois dernier au cinéma et consacré à l’OL féminin, la gardienne Sarah Bouhaddi tente à sa manière de sensibilis­er les garçons d’une école primaire de Décines. Au même moment, la nouvelle mairie EELV de Lyon annonce devant la presse son souhait de «cours d’école non genrées», en remettant notamment en cause la présence des terrains de foot. «La mairie de Lyon n’est pas contre le football, assure l’adjointe aux finances Audrey Hénocque. On souhaite simplement privilégie­r des jeux coopératif­s s’adressant aux filles comme aux garçons, mais aussi aux petits comme aux costauds. On sait qu’il peut y avoir des discrimina­tions avec les jeux de balles. » Les Robins des villes ont notamment repensé cette année l’école Georges-Clémenceau à Grenoble, que le maire EELV Eric Piolle souhaitait « non genrée». Cette associatio­n lyonnaise s’apprête à intervenir sur l’école la Sauvagère (Lyon 9e). « Le gros enjeu est de végétalise­r la cour et de la rendre mixte, en mêlant les maternelle­s et les primaires, explique Elise Dehédin, chargée de mission aux Robins des villes. On tient à impliquer de manière ludique les enfants dans la réflexion sur leur espace de vie, afin de leur montrer qu’ils sont déjà citoyens. » Pour capter l’attention des élèves, les Robins des villes leur demandent notamment quelle serait la cour de leurs rêves, dans une phase utopique où il est souvent question « de piscine chauffée et de camion pizza ». Mais aussi parfois d’une pratique mixte de football? «Le foot n’est pas qu’une question de genre : il prône une virilité particuliè­re qui ne correspond pas à tous les garçons, poursuit Elise Dehédin. Seulement 2% des enfants profitent de cette activité et les autres en sont exclus. C’est pourquoi il nous est arrivé de supprimer, mais aussi de déplacer un terrain, afin qu’il ne soit plus situé au centre de toutes les attentions dans la cour.» Dans leur défi de repenser les écoles, les Robins des villes cherchent notamment à «stimuler l’imaginaire» des élèves via des marquages au sol. Seront-ils amenés à «dégenrer» tous les équipement­s scolaires lyonnais ? «Non, on ne va évidemment pas faire refaire toutes les cours d’école, indique Audrey Hénocque. On souhaite par contre que les cours ayant besoin d’être rénovées soient pensées de manière concertée. Peut-être qu’on laissera certaines fois des terrains de football présents. »

« Seulement 2% des enfants profitent de cette activité et les autres en sont exclus. »

Elise Dehédin, chargée de mission aux Robins des villes

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Les enfants d’une école de Grenoble ont déjà expériment­é un aménagemen­t.

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