« Ça modifie vraiment la donne »
Football Entérinée par la LFP, la règle des cinq changements est une révolution qui pose beaucoup de questions
Pendant qu’Arsène Wenger griffonne dans son coin des idées loufoques pour révolutionner le football de demain, celui-ci vient déjà de connaître une évolution notoire. L’instauration, dans la plupart des championnats européens, des cinq changements par match au lieu de trois. Cette règle, édictée en pleine pandémie de Covid-19 pour faire face à l’accumulation des rencontres, a ainsi été adoptée en France pour la saison 2020-2021.
Pour Stéphane Jobard, le coach de Dijon, c’est carrément «une nouvelle manière de faire du coaching» qui s’offre à eux. Selon l’entraîneur rennais Julien Stéphan, «cela peut s’apparenter à une révolution, car on a la possibilité de changer la moitié de son équipe». Le Nantais Christian Gourcuff va dans le même sens quand il explique que «ça modifie vraiment la donne.»
˃ Les remplaçants sont plus concernés.
C’est l’argument numéro un, à l’image de Julien Stéphan : « Cela change beaucoup de choses pour les joueurs dans la préparation de la semaine car ils savent qu’ils seront plus nombreux à être concernés par le match et à pouvoir entrer en jeu. Cela donne la chance aux joueurs qui ne débutent pas d’avoir encore plus d’importance. »
˃ Le coach pèse plus sur le match.
En pouvant faire rentrer plus de joueurs en cours de match, le coach a désormais la possibilité de modifier plus rapidement son système s’il voit qu’il a tapé à côté au moment de bâtir son onze de départ. C’est ce qui est arrivé à Stéphane Moulin à la pause du match contre Brest lors de la 5ejournée. Dans L’Equipe, il raconte : « À la mi-temps, il a fallu secouer le cocotier. Il y a eu un changement de joueurs, de système, car il fallait bousculer les choses. On a montré du caractère et je suis content des entrants.» A l’arrivée, les Angevins, qui étaient menés 2-1 à la pause, ont renversé le match pour s’imposer 3-2 en fin de rencontre. Pour le coach Brestois, Olivier Dall’Oglio, cela peut aussi être quitte ou double pour l’entraîneur : « Cette règle peut être un avantage ou un inconvénient, comme cela a été le cas pour nous, à Angers, où mes remplaçants ont été inefficaces. »
˃ Les gros effectifs sont encore avantagés.
Là-dessus, il n’y a pas de débat. A part Quique Setien peut-être, qui a trouvé le moyen de dire lorsqu’il était encore sur le banc du Barça que cette nouvelle règle allait désavantager les top clubs habitués à faire la différence en fin de match en jouant sur la fatigue physique et mentale de leurs adversaires. «Quand vous avez un effectif comme nous avons à Lille, ces cinq changements sont un avantage», admet ainsi Christophe Galtier. « Les clubs aux budgets élevés vont forcément en profiter plus que nous, embraie David Guion, l’entraîneur rémois, dans L’Equipe. Eux ont au moins 20 joueurs de haut niveau capables de changer le match. Nous, il y aura pas mal de joueurs du centre de formation sur le banc. »