Une piqûre de rappel
Face à la crainte de contracter la grippe dans le contexte sanitaire actuel, la demande risque d’exploser. Mais les stocks sont limités.
Y en aura-t-il pour tout le monde ? Alors qu’a commencée mardi la campagne nationale de vaccination contre la grippe saisonnière, l’Académie de médecine, les sociétés savantes de pédiatrie et les autorités sanitaires appellent les personnes à risque, qui sont aussi les plus sévèrement touchées par les formes graves de Covid-19, à se faire massivement vacciner contre la grippe. Le gouvernement a prévu 15 millions de doses pour cette campagne inédite.
Les autorités veulent éviter la circulation simultanée de la grippe et du Covid.
Cette année, 16 millions de personnes à risque sont invitées à se faire vacciner contre la grippe saisonnière. En pratique, le vaccin est recommandé et réservé en priorité aux personnes de plus de 65 ans, à celles souffrant de pathologies chroniques et celles en obésité morbide. « Les femmes enceintes, l’entourage des nourrissons de moins de 6 mois à risque et les personnes immunodéprimées sont aussi prioritaires », complète Vincent Enouf, chercheur et directeur adjoint du Centre national de référence des virus respiratoires de l’Institut Pasteur.
Pour France Assos Santé, association qui représente les patients et usagers du système de santé, il faut assurer «une couverture vaccinale suffisante», sans quoi « de nombreux patients présentant des formes graves de la grippe risquent de ne plus trouver de place dans les hôpitaux». En outre, «une large vaccination contre la grippe permettra de faire un diagnostic plus rapidement, estime Vincent Enouf, car la symptomatologie de la grippe et du Covid-19 est quasi identique. Ce que veulent éviter les autorités, c’est une circulation simultanée des deux virus qui engorgerait les hôpitaux. Le gouvernement a donc pris ses dispositions pour éviter le risque de pénurie. « Nous avons 30 % de doses de vaccins en plus que les années précédentes », assurait le ministre de la Santé, Olivier Véran, au Sénat le 24 septembre. Mais, en pratique, les stocks sont de 15 millions de doses pour 16 millions de personnes à risque. Et le nombre de personnes en bonne santé souhaitant se faire vacciner contre la grippe cette année devrait exploser. «Quelqu’un qui va voir ses parents en Ehpad a tout intérêt à se faire vacciner pour protéger ses proches, relève Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine. Le ministre de la Santé appelle les pharmaciens à délivrer en priorité le vaccin aux personnes à risque, mais il est possible de se le procurer librement, sans ordonnance.» Dans ce contexte, bien que l’Académie nationale de pharmacie rappelle la nécessité de la vaccination, elle met en garde contre «une psychose qui pourrait entraîner des ruptures ».