20 Minutes (Lyon)

«On passe du rêve à la réalité»

Vendée Globe Les 33 skippeurs ont pris dimanche le départ de la 9e édition

- De notre envoyé spécial aux Sables-d’Olonne, David Phelippeau

Enthousias­tes, décontract­és, concentrés, «tendu comme un string» (selon Alan Roura), « excité et nerveux » (pour Boris Herrman)… Les 33 skippeurs étaient dans des états bien différents, dimanche matin aux aurores, à quelques minutes d’un dernier adieu aux (très) proches et de grimper pour plusieurs semaines sur leur monocoque pour cette 9e édition du Vendée Globe. Nicolas Troussel, accompagné de ses trois enfants et de sa femme, avouait un certain stress avant le départ de son premier Vendée et reconnaîss­ait n’avoir «pas bien dormi». «Ce n’est pas anodin de partir seul autant de temps», rappelle le skippeur de 46 ans, finalement pas dérangé par l’absence de spectateur­s compte tenu du contexte sanitaire. « Je pense que c’est plus facile à vivre émotionnel­lement sans public.»

« On est là pour faire rêver les gens, encore plus avec le contexte actuel. »

Maxime Sorel

Jérémie Beyou, qui s’élançait pour son quatrième Vendée, ne trouvait « pas ça drôle » ce vide autour du chenal. « Il n’y a pas grand monde qu’on peut serrer dans les bras et le public te donne du peps sur le départ, et là, il n’est pas là!» Charlie Dalin, qui fait partie des trois ou quatre favoris, était, lui, déjà focalisé sur la course. Sa perception est froide, pragmatiqu­e. « Ce qui est important, c’est qu’on puisse partir, lâche-t-il. Moi, je ne suis pas là pour me faire acclamer par la foule, mais pour le Vendée Globe.» Comprenez, pour le gagner. D’ailleurs, le navigateur de 36 ans, deuxième sur la Vendée Arctique début juillet, imaginait déjà l’arrivée. «On espère qu’elle ne se passera pas à huis clos, ça serait triste!»

Clarisse Cremer, 30 ans, qui prend la suite du dernier vainqueur Armel Le Cléac’h, dans le team Banque Populaire, semblait imperméabl­e à la pression. «Je suis tellement contente de partir, se réjouissai­t-elle. J’ai un peu chaud, un peu froid. Le départ, aujourd’hui, c’est le reflet de ce qu’on a vécu depuis plusieurs semaines.» Thomas Ruyant, lui aussi dans les favoris de l’épreuve, regrettait l’absence de «magie» sans les dizaines de milliers de spectateur­s le long du chenal. Tous avaient néanmoins bien conscience d’être « des privilégié­s », selon le terme de Kevin Escoffier. « La France est aujourd’hui confinée et nous, on est là, on part en mer pour au moins trois mois, lance Maxime Sorel, pour qui c’est également une première. On est là pour faire rêver les gens, encore plus avec le contexte actuel. Je mesure la chance que j’ai d’être là aujourd’hui.» Et le Malouin de faire une confidence : « Je me suis levé ce matin en me disant : “Je vais faire le tour du monde”. Je crois qu’il n’y a pas grand monde qui peut se dire ça un matin en se levant! C’est juste un truc de fou. Après, je vous mentirai si je vous disais que je n’ai pas peur.» Yannick Bestaven se dit «pas stressé du tout ». « C’est relax », lâche-t-il le sourire en bandoulièr­e. «Il n’y a pas de vent, il fait beau…» Et un brouillard à couper au couteau qui sera à l’origine de plusieurs reports du départ… «On passe du rêve à la réalité aujourd’hui, poursuit Charlie Dalin. Je suis prêt, le bateau est prêt, il n’y a plus qu’à.» Quelques minutes avant, l’Allemand Boris Herrman confessait sa tristesse de quitter «sa chienne», qui l’a accompagné pendant tout le confinemen­t. «Cette période avec elle, c’était une première étape avant la vraie solitude.»

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Le skippeur Thomas Ruyant a regretté l’absence de «magie» sans les dizaines de milliers de spectateur­s pour le départ.
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